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1 décembre 2005 4 01 /12 /décembre /2005 21:35

QUESTION : Qui est la première comédienne à avoir été princesse de Monaco ?

 

1 décembre 2005 4 01 /12 /décembre /2005 18:16

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30 novembre 2005 3 30 /11 /novembre /2005 22:02

            Deux très bons films. Eloignés en apparence mais étrangement complémentaires.

            MYSTERIOUS SKIN de Gregg Araki.

MYSTERIOUS SKINSon dernier long métrage datait de 1999. Autant dire que nous attendions des nouvelles de celui qui avait infligé au monde du cinéma une belle claque esthétique avec l’excellent THE DOOM GENERATION et son moins convaincant NOWHERE. L’univers de Gregg Araki est très proche de celui de Larry Clark par l’omniprésence des thèmes relatifs à la condition adolescente. Il est cependant moins poisseux mais tout aussi désespéré. Si ses précédents films s’attachaient à la superficialité du monde adolescent à travers leurs relations sociales, MYSTERIOUS SKIN lui permet une analyse plus intérieure des tourments.

Le film œuvre autour d’une sombre histoire de pédophilie. Pas si sombre que ça d’ailleurs. La relation est décrite par le plaisir que Bill Sage et Joseph Gordon-Levitt en ont tiré. J’espère que ce n’est pas un jeu de mots ! C’est quasiment mis en scène comme une relation amoureuse. C’est dans cette perversité qu’Araki floute les termes de la pédophilie. Brady Corbet, lui, aura fait partie des jeux érotiques à deux reprises. Pas d’amour ici. Il n’a été qu’utilisé en tant qu’objet.

Si la pédophilie n’est pas le sujet du film elle en est du moins un vecteur très porteur. Les deux enfants auront donc subi dans leur enfance un événement extrêmement perturbant qui va conditionner toute leur vie future. Celle de Brady Corbet : en devenant l’adolescent renfermé et mal dans sa peau qui cherche à savoir ce qui a bien pu lui arriver durant les heures de sa vie qu’on lui a prises. C’est une sorte d’instinct de survie. Certaines personnes poursuivent leur vie sans remettre les pièces du puzzle en place. Ce qui semblait être la voie de Joseph Gordon-Levitt. Brady Corbet est poussé par quelque chose qu’il ne maîtrise pas mais qu’il conçoit comme une source génitrice. Joseph Gordon-Levitt a fait de sa vie un enfer sexuel. Il reproduit l’acte sexuel comme un jeu d’enfant auquel il s’adonnerait avec ses autres camarades. Il est intéressant de constater chez lui qu’il est instinct de mort. Le sexe détruit. La quantité de rapports non protégés l’amènera à flirter constamment avec la mort. Attitude suicidaire qui contraste avec le personnage asexuel de Brady Corbet. Chez lui aussi le sexe détruit. Par son tabou. Ne pas toucher à ce qui nuit. Laisser les albums de Georges Moustaki de côté. Le tabou occulte. C’est ce qui explique les heures manquantes de son enfance qu’il n’aura de cesse de se rappeler.

Nous sommes là face à un film douloureux qui explore des zones d’ombre où le pire est toujours à venir et où tout nous rappelle la difficulté de l’existence humaine. Gregg Araki nous démontre toute l’intelligence de son art par l’absence de complaisance sur un sujet si délicat. Sa véritable introspection s’axe sur la forme d’existence que ces deux jeunes ont développée. Emotionnellement parlant c’est dans cette partie qu’Araki nous met le moins à contribution. C’est le plus gros défaut du film. Il s’en fallait de peu pour réaliser un véritable chef-d’œuvre et Araki s’est un peu trop attardé sur ce frein relatif aux personnes. En effet, le début du film est assez perturbant par l’étrangeté qu’il met à nous maintenir dans une intrigue assez évidente qui s’attache surtout à nous conditionner dans une vraie démarche de compréhension. On accepte de ce fait que la quête des personnages soit aussi la nôtre. Or, cette poursuite est bien évidemment louable dans la mesure où elle permet l’exploitation des personnages à travers leur détresse, mais le fait que le réalisateur s’y attarde trop repousse sans cesse les moments d’émotion à venir. Et ceux de la fin ne seront qu’un succédané à la charge émotive qui s’est créée dès le début et qui n’a pas pu s’épancher par la suite. C’est ce qui rend le film poussif durant toute cette lente marche vers la source de lumière. C’est d’autant plus dommage que dans les moments charnières où ces personnages affrontent leurs vrais démons, ces scènes sont d’une dureté et d’une violence exacerbées. C’est notamment le cas lorsque Brady Corbet retrouve son père venu lui offrir un cadeau pour son anniversaire. Affrontement assez court mais soutenu par des dialogues cinglants faisant mouche à chaque fois. La scène de fin où Joseph Gordon-Levitt et Brady Corbet se retrouve pour défaire ensemble les liens qui les attachent autant qu’ils les séparent, cette scène est aussi bouleversante par la tragique révélation qui s’impose à eux que par la douloureuse impasse dans laquelle ils se trouvent. Terrible prise de conscience qu’il faudra bien vivre avec son passé. Et pour renforcer tout cela il aurait peut-être été nécessaire de nous donner une scène de confrontation entre les deux adolescents et Bill Sage. Une plus grande expression de cette douleur aurait un peu mieux dessiné cette émotion qui fait défaut.

Puisque nous venons d’évoquer la notion de dialogues, j’aimerais ouvrir une parenthèse pour souligner à quel point je déteste les films ou les enfants et les adolescents se comportent comme des adultes. Lorsque c’est inhérent à leur personnalité, d’accord. Mais dans beaucoup de cas les dialoguistes oublient de s’appuyer sur les comportements des enfants afin d’en saisir tout ce qui les a animés eux-mêmes durant les premières années de leur vie, et qui semble maintenant si éloigné. MYSTERIOUS SKIN se prévaut de quelques jolis moments qui n’échappent pas à la règle. Je ne citerai que cette scène d’adieu où Michelle Trachtenberg quitte ses deux amis devant un bus qui l’attend pour l’emmener à New York. Lourdeur des sentiments. Maladresse des dialogues.

Par contre, il y a le chef opérateur Steve Gainer. Mais qu’il arrête avec ces noms stupides ! Arrête ! Plus personne ne te croit. Il a encore fait des merveilles ! C’est déjà lui qui avait signé la sublime photographie de BULLY. Comme toujours chez Araki, l’emploi des couleurs est prépondérant. Le bleu surtout. La symphonie visuelle fonctionne toujours sur le même rythme mélodieux. Les films de Gregg Araki sont comme des feux d’artifices. Peu de réalisateurs peuvent se prévaloir de faire un travail aussi inventif sur les éclairages et la mise en valeur des couleurs. Au niveau des autres avantages que l’on peut créditer à Gregg Araki, il est aussi le monteur de tous ses films. Chose que tout réalisateur devrait faire puisque le montage fait partie intégrante de la réalisation et de la mise en scène. MYSTERIOUS SKIN en est l’exemple type. Araki met beaucoup de précision dans le tempo de la coupure. C’est tout le temps qu’il accorde à une réponse ou à un silence qui détermine l’intensité des rapports qui s’installent. On ne va pas au plus efficace mais à une justesse, parfois difficile d’accès. C’est faire du cinéma que de prendre ce genre de risques. Grande classe au passage pour la justesse (puisqu’il en est question) de la très jolie Elisabeth Shue. Bon, c’est plus trop un scoop mais c’est important de le souligner. De plus en plus sexy et de plus en plus intense dans les émotions qu’elle arrive à transmettre. L’étroitesse de son rôle ne permettait pas sur le script une telle richesse à l’écran et pourtant elle a su composer avec la rareté de ses apparitions. C’est un peu la force des grands comédiens que d’étoffer un rôle à partir de pas grand chose. Qu’il est loin le temps de THE KARATE KID ! Ah ! Et celui des GOONIES

Nous avions cité plus haut le nom du grand Larry Clark. Remettons le couvert à propos d’esthétisme. Plus crus que ses films, difficile à trouver. Cohérence avec le sujet oblige, il sait filmer la nudité et l’acte sexuel avec toute la décence utile pour ne pas virer dans le racoleur. Ce sont des choses finalement assez nouvelles mais qui ont déjà été reprises. On se rappelle du très rock n’ roll 9 SONGS de Michael Winterbottom ou du moins performant GOJITMAL de Jang Sun-Woo, pour les films qui utilisaient le principe sur toute leur durée. Comme je suis un fervent défenseur de la violence au cinéma, je suis aussi un militant actif pour que l’on montre la nudité et la sexualité des personnages. Lorsque l’on choisit volontairement de ne pas montrer cela j’aime que ce soit pour des raisons esthétiques et non par censure. Dans FUNNY GAMES Michael Haneke ne montre à aucun moment la violence. Il y a un procédé politique derrière tout cela, mais c’est aussi une manière de la définir. Dans ce cas-là, la représentation de la violence est tout aussi jouissive. Dernièrement, un film comme BATALLA EN EL CIELO choisissait une confrontation brutale à la sexualité, réfugiée derrière un principe relativement provocateur tout de même. Mais il n’y a là-dedans que la morale de chacun de proprement antagoniste. Pour en revenir à MYSTERIOUS SKIN, certaines scènes sont en manque de plans. Ce sont tous celles à caractère sexuel. Nous sentons beaucoup trop qu’Araki cherche à éviter une classification X plus qu’il ne cherche un principe figuratif expressif. L’idée n’est pas de montrer un fist-fucking fait par un enfant mais d’essayer de définir quel est le rapport charnel que l’enfant établit avec le corps de l’autre. C’est un peu comme si Araki se refusait à nous accompagner sur des chemins qu’il avait préalablement balisés.

MYSTERIOUS SKIN est l’histoire de deux êtres qui cherchent à savoir ce qu’il y a sous leur peau. Littéralement par rapport au titre. Conditionnés par des réflexes et des habitudes ancrés dans les tréfonds de leur inconscient, c’est une longue interrogation sur ce qui fait que nous sommes responsables de nos actes. Ce qui se joue dans notre inconscient serait-il un autre Moi ? Le film de Gregg Araki semble tout de même laisser un arrière goût qui laisse à penser que ce qui établit nos personnalités dépend de quelque chose qui nous a échappé à moment donné. C’est l’élément extérieur qui s’est imposé chez nous comme un autre Moi. MYSTERIOUS SKIN s’apparenterait de ce fait à une chasse aux démons. Beaucoup d’espoir se dégage donc de ce fol exorcisme analytique. Salvateur certes, mais pas vraiment rédempteur.

 ME AND YOU AND EVERYONE WE KNOW           ME AND YOU AND EVERYONE WE KNOW de Miranda July.

Il s’agit du premier long métrage de cette jeune artiste américaine. L’originalité de cette première œuvre en est sa véritable force. L’histoire tourne autour de plusieurs personnages baladés par la vie à coup de mouvements de cœur, de surprises vécues au jour le jour et par l’ouverture aux éléments environnants. Le film de Miranda July fait du bien à nos cœurs par toutes ses réflexions sur les univers qui nous entourent, les personnes qui nous sont proches et les interrogations qui conditionnent nos visions du monde. C’est un humour fin, intelligent et empreint d’énormément de poésie. Et puis il est énormément question de sexe. Son approche est inventive et hilarante. Voilà même une véritable leçon pour MYSTERIOUS SKIN dans la manière dont les enfants et les adolescents en parlent. Je pense ici au jeune Brandon Ratcliff, âgé de six ans, adepte du tchat pornographique ou chaque expression ne dévie pas vers la perversion mais vers son univers imaginatif d’où sont exclues toutes ces considérations (du moins comme l’entendent les adultes). C’est toute la naïveté du rapport au sexe qui transparaît ici, ainsi que la recherche de la simplicité ludique de l’apprentissage à l’amour. C’est vraiment défini de manière très subtile. Tout comme le sont les personnages du film. Aussi précis soient-ils dans le contour qui en fait des personnages très affirmés, tout leur décalage vient du refus des conventions de leur comportement. Carlie Westerman étant la seule exception qui confirme la règle. C’est ce décalage qui nous gagne par l’expression vitale de ce qui les anime. S’immoler la main, se prendre de passion pour un poisson rouge, regarder une vidéo qui n’aurait jamais dû être visionnée etc. Tout cela reflète la difficile marche en avant qui permet d’exister et de sortir du cadre prédéfini. Le rire vient de la rupture. Lorsque les personnages sont en rupture avec les comportements que le spectateur anticipe, l’originalité du scénariste devient la perle noire du film.

C’est en cela que ME AND YOU AND EVERYONE WE KNOW permet de retrouver un univers qui nous est bien connu puisqu’il s’agit de celui de Todd Solondz. Voici le premier film qui reprend la forme humoristique et pourtant profondément sombre du chef-d’œuvre qu’est HAPPINESS. Personne n’avait réussi jusqu’à maintenant à mêler autant le rire que l’abandon affectif au sein d’un film. Miranda July semble avoir parfaitement digéré toute cette culture et nous offre un premier film où l’on hésite parfois à rire ou à pleurer. Souvent nous faisons les deux. Et pourtant son cinéma semble moins désespéré que celui de Solondz. En tout cas, il est moins amer. C’est ce que qu’évoque le symbole un peu cliché du dernier plan du film où un magnifique lever de soleil éclaire la ville, et ces personnages qui vont continuer leur développement personnel sur un autre tempo. C’est de changement dont il est question.

D’ailleurs, puisque nous parlions de Todd Solondz et d'HAPPINESS, la fin de ce film n’en est pas pour autant aussi déprimante. Rappelez-vous la fin où le jeune garçon se masturbe et finit par éjaculer dans un élan qui le pousse à venir dire à sa mère, d’un air triomphateur : « J’ai joui ! ». Il y a dans ce cri autant de libération que dans le : « Mein Führer, je marche ! » de Peter Sellers dans le DR. STRANGELOVE OR : HOW I LEARNED TO STOP WORRYING AND LOVE THE BOMB (vrai film pessimiste, soi dit en passant) du maître Kubrick.

ME AND YOU AND EVERYONE WE KNOW est un film créatif et récréatif bourré d’idées. Nous aimons énormément ces petits témoignages excentriques qui définissent les vraies émotions qui se tapissent sous nos sombres masques. Miranda July les libère et s’amuse de toute cette folie créatrice. Sa bande vidéo est très représentative de toute cette envie de communiquer par des marques d’attention. Tout à coup nous sommes touchés par quelque chose d’indescriptible. Tout à coup il est des choses de faire et de ne pas dire. L’idée qui se cache derrière la performance à laquelle elle se livre sur la vidéo que Tracy Wright ne devait pas regarder jusqu’au bout, est dans la suite logique du rapport faussé (qui pourrait finir par se détruire mais qui impliquerait trop de remises en cause). On cache les vraies relations derrière des mots. Il faudrait être capable de lire entre les lignes. Ainsi, c’est par un coup de fil que Miranda July va rentrer en contact avec Tracy Wright. L’élément qui facilite la communication (le téléphone) dépouillé de sa fonction. Il y a derrière le mot de « macaroni » plus de contact qu’elles n’en auront jamais ensemble. Ce qui ne peut être avoué doit être prouvé d’une autre manière. C’est une idée drôle mais très forte. Nous ferons de même à la fin de cet article. Nous chercherons à savoir si beaucoup de personnes lisent ces « lumières » jusqu’au bout ou si nous pouvons écrire tout et n’importe quoi…

C’est une grande partie de la personnalité de Miranda July qui se trouve retranscrite à travers ces fantasmes et ces extrapolations. Cette grande richesse est au service de personnages tout aussi fantasques. Il faut ici souligner la qualité de l’interprétation et de la direction d’acteurs. Beaucoup de jeunes acteurs et toujours une sincérité et une approche délicate dans l’émergence des personnalités. Subtil, encore une fois. S’il n’était qu’une scène pour vous en convaincre : celle de la rencontre sur le banc. Je mets Brandon Ratcliff de côté puisque c’est dans la nature des enfants d’être toujours justes. Ce que joue Tracy Wright est plus difficile qu’on ne le croit et elle ne tombe jamais dans le grotesque. C’est assez emblématique de la netteté et de l’authenticité avec lesquelles ce film fut conçu.

            MYSTERIOUS SKIN et ME AND YOU AND EVERYONE WE KNOW sont des films qui parlent de la mutation. Le caractère que cette dernière revêt peut changer de forme, il n’en reste pas moins que sa transposition en situation s’attache au rôle de révélateur qu’elle joue sur les personnages. Par sa relation aux petits riens du quotidien, ME AND YOU AND EVERYONE WE KNOW semble plus réaliste que MYSTERIOUS SKIN qui emprunte des figures de style beaucoup plus portées sur la représentation du fantasme. Il n’empêche qu’ils dévoilent tous deux une aptitude à laisser en arrière ce qui nous a amené ici et qui fait désormais partie intégrante de nos vies. Nous devons composer avec mais sans en faire ce qui conditionne nos angles de vue. Qui sont aussi des angles de vie. C’est ce que décrit merveilleusement bien Miranda July lorsqu’elle parle avec John Hawkes du prochain panneau qui les séparera. Mais jusque-là l’amour sera éternel.

            Comme le grand cinéma est source de bonheur intense pour vous, vous allez être gâté jusqu’au 6 mars 2006 puisque le Centre Pompidou vous propose une intégrale Martin Scorsese, agrémentée de nombreux films choisis soigneusement par Monsieur. C’est ainsi que vous pourrez notamment découvrir ou revoir :

- BRIGHT LEAF de Michael Curtiz (parce qu’un Curtiz ça ne se refuse jamais)

- THE BAD AND THE BEAUTIFUL de Vincente Minnelli (ça c’est du lourd !)

- BARRY LYNDON de Stanley Kubrick (parce que les films de Kubrick ne devraient se voir que sur grand écran)

- THE PUBLIC ENEMY de William A. Wellman (cinéaste dont on ne parle jamais assez)

- WOODSTOCK de Michael Wadleigh (avec une copie neuve, s’il vous plaît)

- AMERICA, AMERICA d'Elia Kazan (redécouvrir Kazan et s’apercevoir du génie de cet homme)

- ACCATONE de Pier Paolo Pasolini (un chef-d’oeuvre)

- RIDE THE PINK HORSE de Robert Montgomery (jamais vu mais le titre français ne m’évoque que des bonnes choses)

- NOSFERATU TANGO de Zoltan Horvath (délicieux court métrage à voir et à revoir)

- I VITELLONI de Federico Fellini (pour une fois que Fellini faisait des trucs intéressants !)

- CAUGHT de Max Ophuls (pour ses mouvements de caméra, évidemment).  

            Place maintenant aux grandes idées de Miranda July puisque nous allons mettre en pratique ce qu’elle développe dans son film.

Peu importe le jour, que vous lisiez cet article le lendemain de sa publication ou dans cinq ans, que vous l’ayiez aimé ou détesté, que vous soyez riche, pauvre, blanc, noir, juif ou scout (non pas les scouts), je vous demanderai juste de me témoigner que vous venez de finir sa lecture en m’envoyant un SMS au 06 62 75 58 55. N'écrivez rien de plus que ))<>((

Merci.

29 novembre 2005 2 29 /11 /novembre /2005 18:18

QUESTION : Quel réalisateur anglais a dit : « Nous nous sommes couchés par terre et nous avons invité les Américains à nous marcher dessus » ?

 

29 novembre 2005 2 29 /11 /novembre /2005 09:58

QUESTION : Dans quel film une famille enlève et engrosse des auto-stoppeuses pour vendre leurs bébés à des couples lesbiens et financer ainsi un trafic d’héroïne à l’école ?

 

28 novembre 2005 1 28 /11 /novembre /2005 20:52

QUESTION : De qui sont les fourrures et les costumes de Monica Bellucci dans COMBIEN TU M'AIMES ?

 

28 novembre 2005 1 28 /11 /novembre /2005 14:20

QUESTION : Quel est le dixième et dernier article du Dogme ?

 

28 novembre 2005 1 28 /11 /novembre /2005 12:33

QUESTION : Dans PHANTOM OF THE PARADISE comment Winslow Leach se fait-il défigurer ?

 

28 novembre 2005 1 28 /11 /novembre /2005 01:54

Pour commencer quelques modifications au niveau des règles :
1. Une seule réponse à la fois par personne.
2. Vous pouvez reproposer une réponse à partir du moment où je vous ai répondu par la négative.
3. Si plusieurs propositions sont faites en même temps par la même personne, seule la première sera prise en compte.
4. Seuls les abonnés reçoivent un avertissement dès la publication de la question.
5. Toujours pas d'indices.

Quant au classement, le voici :

12 points : LE SEB
9 points : MANUE LA CLOCHARDE
8 points : MOVIE
6 points : SIMON
5 points : MONSIEUR CRE
3 points : DON LOPE - HARVEY BOLLOCKS
2 points : TWIG - UN VISITEUR
1 point : DR. DEVO - WAKINOURS - GRIBOUILLE - LARCHANGE - MOULINVERT - JUL13N - ERICH - LEF' - LOMOK - ALEX


QUESTION : Quel film se targuait d’avoir coûté plus cher que le débarquement ?

 

27 novembre 2005 7 27 /11 /novembre /2005 01:05

            5. C’est exactement le nombre d’oscars qu’AMERICAN BEAUTY a remporté. 5 oscars. 5 petites statuettes dorées pour un film qui était censé parler de l’Amérique contemporaine et de ses névroses. Mal de vivre moderne qui prend pour exemple une famille moyenne et son incapacité à l’harmonie. A travers son clinquant et sa description philosophique à deux balles de la famille comme principe fondateur de la société, Mendes touchait par son propos démago. Filmer un sac en plastique qui vole et dire que c’est beau, même Georges Moustaki n’avait pas osé !

TODD SOLONDZD’un autre côté, Todd Solondz filmait ces conditions sociales d’une manière plus crûe et sans concessions. C’est âpre et plus proche de la réalité que toutes les fictions empreintes de meurtres et de jeunes filles belles comme des pétales de roses rouges. Résultat : interdiction de cérémonie des oscars. Pire, aucun film de Todd Solondz n’a jamais été nominé dans aucune catégorie. Que fait la Commission de Vérification des Récompenses ?

Dans son nouveau film, Sam Mendes joue à nouveau sur les codes établis de cette maudite société qui se sert de nous pour mieux se nourrir de profits. Antisocial tu perds ton sang-froid ! Alors bien sûr l’immense majorité des films sont bourrés de clichés, mais ceux de Sam Mendes sont un petit résumé de tout ce qui flatte l’inconscient populaire.

Aujourd’hui on ne fait quasiment plus de films de guerre. Les productions ont dérivé vers des films sur la guerre qui exploitent plus ou moins le même filon. Finalement depuis ALL QUIET ON THE WESTERN FRONT de Lewis Milestone, en 1930, d’autres guerres ont vu le jour mais le message reste à chaque fois le même. Avec FULL METAL JACKET Stanley Kubrick semblait avoir mis un terme à l’exploitation cinématographique de la guerre. Il avait analysé de manière définitive ce qui définissait les horreurs de la guerre, son utilité et la place de l’homme au sein de cette dualité. Depuis, seul Terrence Malick est parvenu à s’imposer sur ce terrain par son approche naturaliste et les nouvelles considérations métaphysiques qu’il apportait. C’était THE THIN RED LINE.JARHEAD

D’une manière générale on peut dire que tout a déjà été dit, tout a déjà été filmé. Mais tant qu’il y aura des réalisateurs avec du talent (dépêchez-vous, on brade !), tous les thèmes et toutes les histoires pourront de nouveau être filmés. On ne voit jamais les mêmes choses avec les yeux de l’autre.

JARHEAD s’appuie sur le récit d’un jeune homme qui a fait la guerre du Golfe. FULL METAL JACKET ou équivalence. D’ailleurs Sam Mendes semble vénérer ce film puisqu’il ne se contente pas d’y faire référence mais de le plagier honteusement. Scènes du sergent instructeur et du fusil comme meilleur ami du soldat. Et lui qui parlait de talent à l’instant ! Tout cela a beau se trouver dans le livre dont le film est adapté, Mendes n’est pas sans ignorer que Kubrick a su retranscrire cette réalité bien avant et dans une mise en scène visuelle bien plus forte. Et JARHEAD se contente de n’être qu’une pâle copie de FULL METAL JACKET. Il est sans ambition car il ne délivre pas le personnage principal de sa propre quête. Le roman de Gustav Hasford avait l’avantage d’être extrêmement dense et lourd de contenu dans sa vision de l’Homme. Kubrick pouvait alors s’en détacher pour rapprocher ces éléments de son univers, sans trahir l’essence du texte. Sam Mendes ne semble pas impliqué personnellement dans cette affaire et tout au plus ressent-on une aptitude à suivre son sujet uniquement dans ce qu’il lui offre. C’est pas con, mais c’est loin d’être intelligent.

Sortie sur vos écrans le 11 janvier 2006.

            Formidable premier film que celui de David Lynch ! ERASERHEAD est une difficile tentative d’exprimer un ressenti devant ce qui a pour nom « laideur ». Chacune des visions de ce film m’attache au travail effectué sur la lumière. Rarement sources lumineuses auront évoqué avec autant d’instinct les univers intérieurs des personnages et leur cloisonnement dans la vie réelle. Leur origine semble bien improbable et conditionne l’état général du film. L’histoire elle-même ne paraît pas se rapprocher de faits ou de lieux réels. L’univers fictif raisonne étrangement au niveau de notre inconscient. Sûrement par les liens qu’il tisse envers certains sentiments universels et les angoisses humaines qui sont autant le lot d’un cadre supérieur de l’île d’Ibiza que d’un camionneur dans l’état de l’Arkansas. Mais David Lynch rend le processus d’entrée plus difficile selon les personnes. Il m’a fallu moi-même voir et revoir ERASERHEAD afin d’en comprendre ce que ses différents sens évoquaient en moi.

Il est assez déconcertant comme premier film car sa maîtrise impose des règles qui sont les marques d’un univers très fort. C’est dans sa confection qu’il faut plutôt déceler les éléments qui relèvent d’un processus cinématographique limité. Lynch préfère utiliser des outils simples mais employés avec habileté. C’est notamment le cas du montage parallèle mais aussi d’un découpage que l’on pourrait qualifier d’élémentaire. Je pense qu’une des clés du cinéma de Lynch est à rechercher dans le primitif. Ah bon ? Je croyais que c’était réservé au cinéma de Richard Gotainer…ERASERHEAD

ERASERHEAD parle de beaucoup de choses. Certaines ne me sont pas encore apparues et peut-être que Lynch en a volontairement occulté lui-même un certain nombre. J’aime avant tout la réflexion qu’il a sur la difficulté d’engendrer un monstre. Si je me rappelle bien j’ai dû lire il y a bien longtemps que sa fille avait un handicap au niveau d’une jambe. Il est vrai que le rapport qui s’installe entre des parents et un enfant atteint d’un quelconque handicap falsifie les lignes directrices de la relation. La vraie question est de savoir de quel caractère est le sentiment qui oblige tout géniteur à aimer son enfant. Qu’il soit handicapé ou non. Qu’il soit humain ou non, chez Lynch. Autoreverse : la question peut se retourner en délimitant les liens qui obligent un enfant à aimer son parent. Qu’est-ce qui anime les sentiments envers nos enfants ou nos parents ? Selon Lynch, l’amour que les parents portent à l’enfant handicapé n’admet pas le handicap. Il se concrétise dans la manière dont les parents s’occupent de l’enfant. C'est-à-dire de manière tout à fait normale. Une césure a été faite. L’expression « enfant handicapé » s’écrit de cette manière : « enfant ». Le handicap est présent mais il n’est pas admis. Cela ne veut pas dire qu’il n’est pas géré. Pour les parents le handicap n’existe que par sa dénomination. Il cesse d’être à partir du moment où il est éludé. Je crois qu’il faut chercher la signification du titre dans cette vue de l’esprit. Effectivement, si l’on se réfère au moment où Jack Nance donne la mort à son enfant, il n’agit pas parce qu’il a cessé de voir son enfant comme tel mais bien plus sous l’aspect du monstre qu’il paraît être. C’est bien à partir de ce moment que tout l’effet fantasmagorique prend son envol et que nous assistons notamment à la décapitation de Jack, et à la vente de sa tête qui sera utilisée pour fabriquer des crayons avec embouts qui gomment. C’est bien la signification que Jack Nance a effacé quelque chose dans sa vision personnelle. Une fois de plus, pas d’oscar. Mais qui les décerne ? Georges Moustaki ?

Il faudrait encore parler du travail sur le son. Car David Lynch a sûrement réinventé le cinéma par le son. Il faudrait évoquer tout l’humour que ce film recèle et qui trouve son apogée dans la scène du repas de famille. Il faudrait parler du personnage-meuble de la grand-mère, de la femme dans le radiateur FIGHT CLUB(véritable lueur d’espoir du film) ou encore du traumatisme que laisse la vision d’un tel film. Il faudrait pour cela écrire un livre sur ERASERHEAD. Cela a déjà dû être fait. Il faudrait aussi que toutes les personnes qui lisent cet article m’envoient des sous. Ah oui ! Il faudrait…

            Il faudrait aussi toujours réviser les jugements sur lesquels on ne décide plus de revenir. C’est ainsi qu’en 1999 j’avais vu FIGHT CLUB au cinéma et que je l’avais détesté immédiatement. Je trouvais le film beaucoup trop prétentieux, excessif et ne cadrant plus avec toute vraisemblance à partir du moment où le club prend une dimension nationale. Pas que le cinéma soit affaire de crédibilité mais je crois qu’il faut rester cohérent avec son sujet pour bâtir un film honnête. Ce n’est d’ailleurs pas uniquement les réalisateurs que j’accuse dans cette histoire mais aussi les spectateurs, qui ont souvent tendance à se comporter comme des personnes acquises dès que le metteur en scène a réussi à leur faire avaler son postulat de départ. L’œil du spectateur peut aussi s’éduquer.

En 2005 FIGHT CLUB fonctionne assez bien à mon goût. Film que j’avais détesté et aimé détester, je m’aperçois que c’est la première fois que je change mon jugement sur un film dont je pensais le plus grand mal. Il y avait eu J’AIMERAIS PAS CREVER UN DIMANCHE avant cela, mais c’était l’effet inverse.

Mes réserves sur le scénario ne m’ont absolument pas gênées. Ce sont toujours les excès de David Fincher qui me laissent coi. Quoi ? Je dis que David Fincher reste le même réalisateur doué d’un talent immense (particulièrement technique) mais qui ne fait pas confiance au scénario qu’il a entre les mains et pèche par excès. Ses films sont même quasi parfaits jusqu’à la fin. Peut-être que c’est un cinéaste suicidaire qui aime détruire ce qu’il s’est donné tant de peine à mettre en œuvre. Le concept de cinéaste suicidaire me plaît bien. J’aurai une idée de scénario à soumettre à Georges Moustaki… Rappelons-nous de la fin de SE7EN où Brad Pitt peinait lamentablement à appuyer sur la détente de son arme. Dans ALIEN3 Sigourney Weaver plongeait dans de la bave en fusion (ou un truc du genre) dans un élan de stupidité impulsive où même les effets spéciaux se faisaient ridicules. Même cérémonie pour THE GAME ou l’immonde bouillie qu’est PANIC ROOM. Pour en revenir à FIGHT CLUB, le dénouement est à nouveau suicidaire puisqu'Edward Norton joue les antivirus (ça y est, il est reparti dans les jeux de mots douteux !) et décide de se tirer une balle en pleine bouche afin d’éliminer Brad Pitt. Passé le moment où l’on peut concevoir cette décision de la même manière qu’on choisit ses vêtements du jour, il nous faut ensuite faire face à l’acte en lui-même. Qu’Edward Norton paraît bien en forme pour quelqu’un qui vient de se tirer une balle dans la bouche ! Quasiment pas défiguré, peu de sang et élocution bien meilleure que celle de Lou Doillon (en même temps, il n’y a pas beaucoup à se forcer).

DAVID FINCHERLa philosophie de FIGHT CLUB est hautement subversive, comme peu de films savent l’être. Il faudrait songer un jour à en établir une liste exhaustive. Voilà quelque chose de facilement réalisable. Vous connaissez mon faible pour ce genre de films et le meilleur exemple de cette subversion tient à l’insertion d’images pornographiques dans des films tous publics. Evidemment, le pénis de l’image subliminale de fin emporte tout et fait naître une excitation de l’esprit par les idées développées qui deviennent concrètement réalisables. C’est le pouvoir de FIGHT CLUB de s’adresser à un public commun et de lui vendre le monde qu’il souhaite par la concrétisation physique, psychique et matérielle de ses potentialités. Chacun a le pouvoir de changer ce qu’il souhaite. Exprimez vos idées. Insérez des liens X dans vos blogs. Brûler des voitures ou dire aux enfants que le Père Noël n’existe pas, c’est un peu du même ordre.

            Vu le dernier Woody Allen. Enfin ! Il a nettement divisé avec MATCH POINT. Principalement parce que son film rompt complètement avec le style des comédies légères qui semblent être sa marque de fabrique. C’est une réputation qu’on lui a imposée. Elle ne reflète aucunement l’étendue de son talent, symptôme d’une personnalité complexe. Woody Allen est prolixe et éclectique. « Electrique », non ? MELINDA AND MELINDA MATCH POINTannonçait certainement un retour vers une forme tragique avec laquelle il semblait alors hésiter dans ce précédent film. Sous des allures de comédie de mœurs MATCH POINT va assez loin dans le rapport à ses propres désirs et à l’établissement de ses rêves. C’est une vraie tragédie. D’abord parce que Jonathan Rhys-Meyers finit par tuer Scarlett Johansson, mais aussi parce que le chemin qui le conduit à accomplir un tel acte construit les bases d’un esprit fixé sur des objectifs qu’il s’était promis, mais qu’il n’a pas pu gérer à partir du moment où des entités incontrôlables entrèrent en jeu. C’est ici le dur combat d’un homme partagé entre ce qu’il est capable d’accomplir et l’impossibilité de renier ses envies. Woody Allen se livre à une fine analyse de l’instauration des éléments perturbateurs qui s’insinuent, dans une vie, d’une manière si pernicieuse que l’on ne s’aperçoit de leur présence que quand il est déjà trop tard. A ce titre, l’absence de repères temporels renforce cette notion.

Je ferai juste une petite parenthèse à propos du scénario. Concernant la bague de la vieille dame que Jonathan Rhys-Meyer a volé et dont il tente de se débarasser, la trouvaille du retournement de situation est certes très pertinente mais je doute qu’il se soit employé à se débarrasser de tous les indices compromettant en évitant soigneusement d’être sûr que la bague tombien dans l’eau. D’ailleurs, Woody Allen oublie un plan très précieux à ce moment-là : celui du regard de Jonathan Rhys-Meyer. Ainsi nous serions fixés sur ce qui l’a détourné de son attention. Nous sommes ici dans ce que j’appelle la cohésion fictive du réalisateur au public. Nous sommes prêts à croire tout ce que l’on nous montrera sur grand écran. Et je dis tout sans aucune exception. Mais cela ne sera accepté qu’après vérification préalable de tous les éléments qui nous permettent de croire au bien fondé de la bonne foi du réalisateur. Et cette dernière ne peut s’avérer que par des preuves tangibles et irréfutables. Démontrez-nous par vos images que nous pouvons croire à l’incroyable. Monsieur Woody Allen, il y a une vraie faille dans votre scénario, jusqu’ici pourtant irréprochable sur les complexités des rapports humains.

Vous l’aurez compris, nous sommes là plus proches du Woody Allen de SEPTEMBER ou INTERIORS. Mais là où nous sommes en droit de tirer Woody par l’oreille et de le mettre au coin pour qu’il réfléchisse à ce qu’il a fait, c’est quand il pense pouvoir s’en sortir une nouvelle fois sans nous avoir donné notre dose de cinéma. Car même si scénario et direction d’acteurs sont fortement réjouissants, où est donc passé l’aspect visuel cinématographique qui nourrit une mise en scène et la glorifie ? Woody Allen nous a présenté une très jolie femme. Comme toutes les femmes elle a besoin de se coiffer, de se maquiller, de se parfumer etc. Certaines femmes n’ont pas besoin de se maquiller énormément pour être au maximum de leur beauté. Parfois, trop se maquiller enlaidit. Elles doivent apprendre à doser les artifices et à ne pas en abuser. Woody Allen ne se maquille pourtant pas, lui ? Non, mais il aurait mieux fait d’y songer pour son film. Nous présenter une femme dotée d’une beauté à nulle autre pareille ne suffit pas. Dans MATCH POINT il se contente de suivre consciencieusement ses personnages par une réalisation sans originalité. Pas de rouge à lèvres. Pas de mascara. Pas de cadre. Minimum salarial sur les lumières. Il nous avait pourtant habitué (de manière très aléatoire, il est vrai) à un lyrisme visuel plus présent. A ce compte, ce n’est plus du cinéma. Il aurait très bien pu écrire un livre. Ou un roman-photo. Je suis pour la réhabilitation des gens qui mangent du savon et parlent en faisant des bulles.

            Pas une grosse impression à propos du CALVAIRE de Fabrice Du Welz. De très jolis plans bien travaillés. L’aspect technique est assez parent avec une réflexion issue de Gaspar Noé ou Jan Kounen, et qui fait donc toujours autant plaisir au sein de nos mornes productions françaises. Mais tout cela est juste ébauché et ne suffit pas à établir l’ambiance que le film requiert. Tout comme THE TEXAS CHAIN SAW MASSACRE, CALVAIRE est un film d’ambiance. Du moins il aurait dû être cela. Si le choix d’un endroit perdu au milieu de nulle part restera toujours un lieu hautement angoissant, le travail sur la lumière et l’harmonie des couleurs est inexistant et ne suffit pas à décaler la situation. Et si Jackie Berroyer est juste ce qu’il faut de dérangeant, Laurent Lucas est plus investi et porté par son rôle, dans une interprétation forte et exacerbée. Grand comédien. L’une des valeurs sûres des prochaines générations de comédiens français. Une vraie bénédiction d’avoir cet acteur dans un film ! Jacques Rozier aussi pensait cela de Bernard Ménez. Il n’a jamais été nominé aux oscars pour autant. Pas plus qu’aux César. Faudra que je vérifie pour les Hots d’Or.

THE WEATHER MAN            Gore Verbinski est un réalisateur hollywoodien très efficace. Ses films sont creux et faussement intéressants. Dans THE WEATHER MAN, il essaie de nous faire croire, par l’intermédiaire de Nicoles Cage, qu’il nous a pondu un petit film d’auteur, juste avant de repartir piller les nouvelles aventures de PIRATES OF THE CARIBBEAN. Ce n’est qu’un film boursouflé de considérations issues d’un esprit vide, sur les tribulations d’un présentateur météo qui ne sait pas trop bien s’y prendre pour vivre sa vie. C’est une manière très maladroite de dire qu’il a beaucoup aimé GARDEN STATE de Zach Braff. Vu qu’ils sont voisins il aurait pu se contenter de le féliciter au cours d’un barbecue. En tout cas, cette garden-party m’a bien fait de la peine. Pauvre Nicolas Cage qui se prend tout un tas d’objets sur la tronche ! Voilà bien la seule idée intéressante du film. Je propose que chaque désabusé de THE WEATHER MAN garde son seau de pop-corn pour le jeter sur Verbinski. Méchanceté gratuite. Oui, mais ce n’est pas moi qui ait commencé !

            Pas réussi à rentrer dans I HEART HUCKABEES. - Dans Kirsten Dunst non plus ! - Bon, ça suffit, je vais modérer si ça continue sur cette pente sablonneuse ! Pourtant c’est vraiment bien fait. La réalisation est pleine de couleurs différentes et la direction d’acteurs dans une sobriété toujours sincère. Et c’est plein d’une folie fort appréciable. Mais je dois dire que l’avorton Hoffman, qui se démène tant qu’il peut avec sa coupe de cheveux version neuneu-Beatles, est trop ridiculement risible pour que les enjeux tiennent debout. Pas réussi à croire à cette histoire abracadabrante. Pas été réceptif non plus à l’humour qui s’en dégage. Me suis continuellement demandé si le film en était dépourvu ou si c’est moi qui ne le comprenais pas.

Je reste persuadé que ce film mérite une seconde vision.IN HER SHOES

            Que sont allées faire Toni Collette et Cameron Diaz dans cette soupe populaire qu’est IN HER SHOES et qui nous est servie par Curtis Hanson ? Moi je l’aime bien pourtant, le Curtis. Il est à l’origine des vraies réussites que sont BAD INFLUENCE, L.A. CONFIDENTIAL, WONDER BOYS et surtout THE HAND THAT ROCKS THE CRADLE avec la trop rare Rebecca de Mornay. Même si THE RIVER WILD et 8 MILE étaient plus faibles, nous étions loin de la catastrophe d'IN HER SHOES.

Comment puis-je faire pour vous enlever l’envie d’aller le voir au cinéma ?... Disons que c’est un film pour dimanche soir en prime time sur TF1. Ca va comme ça ? Si vous ne voyez pas le rapport cliquez ici.

            Isild Le Besco est une actrice insupportable. BACKSTAGE d'Emmanuelle Bercot ne démentira pas cette affirmation. Pas de technique, pas de composition et pas d’émotion. Elle donne à penser qu’elle a sûrement dû suivre le même cours d’art dramatique que celui dans lequel Lou Doillon n’est jamais allée. Elle promène gentiment sa présence d’un bout à l’autre du film et joue tout sur l’unique registre de l’hystérie, pensant qu’elle est la nouvelle Adjani. C’est énervant comme un cri strident qui perdure. J’espère qu’elle ne vise pas les oscars, ce serait dommage…BACKSTAGE

Elle ne montre qu’une seule chose c’est qu’elle sait pleurer devant une caméra. Bon. J’en connais plein d’autres. Ce n’est de toute façon pas un élément fondateur d’une aptitude à faire passer un sentiment. Bien plus fortes sont des actrices comme Isabelle Huppert ou Jennifer Jason Leigh, qui arrivent à retenir au maximum le moment des pleurs. Pleurer ne sert à rien au cinéma. Uniquement ce moment de latence importe.

Isild Le Besco m’est assez antipathique pour des raisons personnelles : elle m’impose un déséquilibre psychique complaisant auquel je ne supporte pas d’être mêlé de manière autoritaire. Pas de pitié. Le cinéma n’est pas une thérapie.

En lui-même, le film est dépourvu d’énergie. Les personnages sont donc investis avec plus ou moins de réussite. On ne citera que Noémie Lvovsky qui campe une femme plus forte que la douceur de sa voix ne le laisse transparaître. Elle est très souvent en délicatesse avec le milieu dans lequel elle gravite. C’est très subtil et d’une richesse infinie. Voilà le plus beau rôle du film. Pas celui d’Emmanuelle Seigner qui est d’un conventionnel assez poussif. Et encore moins celui d’Isild Le Besco qui ne fait que… Allez, c’est bon, elle m’a soûlé.

            Belle surprise que MY SUMMER OF LOVE de Pawel Pawlikowski. Pour comprendre l’attitude cinématographique que j’évoquais par son absence dans MATCH POINT, il faut voir comment Ryszard Lenczewski s’est échiné à composer ses cadres. C’est d’une beauté exquise ! Les deux comédiennes sont très troublantes dans leurs rapports. A la fois dans une harmonie inexplicable qui crève l’écran mais aussi très éloignées (physique aidant). Leur histoire est racontée avec beaucoup de sentimentalité et de sensualité. Le réalisateur décide de nous en dire le moins possible et c’est ce qui crée le trouble qui accompagne le film jusque dans son dénouement.

Pour les amateurs de bonne musique, notez que le réalisateur est si doué qu’il a réussi à trouver le son le plus approprié à cette histoire d’amour contemporaine dépourvue de clichés. Vous pourrez donc vous régaler entre autres de « Lovely head » de Goldfrapp et rien que pour ça, ça vaut le détour.

LOS TRES ENTIERROS DE MELQUIADES ESTRADAMY SUMMER OF LOVE fait partie de ces films qui nous font penser que le cinéma c’est assez simple finalement.

            Vu le film de Tommy Lee Jones : LOS TRES ENTIERROS DE MELQUIADES ESTRADA. Etonnant. Très étonnant.

Tommy Lee Jones aime jouer avec les codes cinématographiques afin de surprendre sans cesse son spectateur. C’est fait avec intelligence donc la surprise est aussi agréable en retour.

Le récit déstructuré est un phénomène de mode que l’on peut imputer à Quentin Tarantino, mais son usage n’est pas forcément justifié ici. Il déséquilibre un peu les deux parties du film vu que la seconde se poursuit sur une trame linéaire plus académique.

Tommy Lee Jones donne le beau rôle à ses personnages et s’emploie à décrire une désolation d’univers extérieurs aussi bien qu’intérieurs d’une vraie justesse. Barry Pepper et January Jones sont absolument prodigieux. Lui dans une souffrance éperdue qui efface tout espoir de reconstruction, et elle dans un désespoir qui l’enfonce toujours plus vers une misère léthargique. La récompense cannoise de Tommy Lee Jones aurait pu revenir de manière très légitime à l’un des deux.

Tommy Lee Jones utilise aussi un montage très abrupt pour relancer la dynamique des enjeux. En fait, son film m’est apparu comme bercé par une intense liberté de conception. C’est très étonnant à l’heure actuelle et pour quelqu’un de sa popularité. Ce sont surtout les producteurs qu’il faut féliciter pour leurs prises de risque maximum face à un sujet aussi peu vendeur. Evidemment Tommy Lee Jones a dû y mettre des billes mais un certain Michael Fitzgerald l’a accompagné. Et soulignons l’importance de Luc Besson en tant que producteur exécutif. Pour faire taire tous ceux qui disent que Besson n’a produit que des films de merde. Ca m’évoque quand même pas les oscars, au niveau des senteurs !

            Je n’ai pas nourri un grand intérêt pour LES ENFANTS de Christian Vincent. Gérard Lanvin et Karin Viard font les acteurs de brasserie et le réalisateur est aux abonnés absents. Il faut être absolument dépourvu de bon goût pour oser souligner son film d’une musique aussi disharmonieuse.

Gérard Lanvin est un bon comédien. Comme il se fait rare c’est toujours un plaisir de le retrouver. Malheureusement, il n’est jamais intéressant lorsqu’il se prend pour Lino Ventura. Karin Viard, elle, en fait des tonnes et son jeu forcé est une véritable abomination. Elle qui savait si bien faire passer les émotions dans HAUT LES CŒURS !

Mais c’est surtout la conception du rapport des parents aux enfants qui est le plus détestable dans tout cela. Si les enfants reproduisent par mimétisme ce qu’ils apprennent ou voient de leurs parents, une théorie consiste à dire que les adultes agissent souvent comme l’Etat se comporte avec eux. La répression et l’interdiction n’ont jamais été une fin en soi. Le personnage de Karin Viard est injuste, inattentif à ses enfants et privilégie avant tout ses propres intérêts. Bel exemple d’éducation ! Le scénariste a crû bon d’y opposer Gérard Lanvin en père ultra-libéral. Où se situe la responsabilisation dans tout cela ? Si c’est un exposé ludique du rôle de parent dans notre société, cette représentation est vraiment MICHEL DEVILLEregrettable voire catastrophique. Peu de place pour l’enfant dans un film qui prétendait en parler mieux que les autres. Moi je dis que c’est nul.

            Ne cliquez pas ici.

            Déception aussi devant UN FIL A LA PATTE de Michel Deville. Feydeau est joué dans un rythme un peu trop lâche. Mais pourquoi pas, après tout. Par contre, on ne peut pas le jouer en le parlant comme une série télévisée pleine de soleil. C’est aller contre l’intelligence du texte et l’efficacité de l’action. Deville n’aurait pas mieux fait si on lui avait commandé un téléfilm. On pardonnera cette erreur de jeunesse à la paradisiaque Sara Forestier. Tiens, tiens ! C’est la seule qui sait dire du Feydeau et garder son naturel si exquis.

Nous attendions un petit peu mieux de celui qui nous a donné des films comme L’OURS ET LA POUPEE ou LE MOUTON ENRAGE. Carrière finie. Dans ces cas-là on attribue souvent un César, mais pour l’oscar faudrait voir à pas trop déconner non plus !