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6 juillet 2023 4 06 /07 /juillet /2023 13:18

------------  7 PARNASSIENS  ------------
----------------  SALLE 1  ----------------

Mercredi 5 juillet 2023, 19h30
EN LOS MARGENES de Juan Diego Botto

 

                La salle 1 n’est pas la plus grande du 7 Parnassiens, néanmoins elle abrite tout de même un peu plus de 200 places. Malheureusement des strapontins, mais nous n’allons pas faire les difficiles, c’est un bel espace. Sans fioritures, certes, mais tout à fait correct. Les assises sont beaucoup trop molles (difficultés à tenir toute la séance), mais vous pourrez trouver çà et là quelques fauteuils duo pour ceux qui ne supportent pas d’être séparés de leur âme sœur par un accoudoir. Vous aurez une place tout à fait suffisante pour vos grandes jambes. En revanche, les dossiers manquent un peu de hauteur pour appuyer la tête. Et même si le dénivelé de la salle est très bon, les premières rangées se relèvent. C’est assez chouette car vous pourrez regarder l’écran avec la tête penchée en arrière, mais il est probable que vous serez gênés si quelqu’un se trouve devant vous. Enfin, je dis ça mais cela valait pour le monde d’avant quand les plexes pouvaient faire le plein. Aujourd’hui c’est la fête du cinéma et la salle n’est remplie que par une petite vingtaine de personnes pour un film dont c’est le premier jour d’exploitation ! Comme quoi, le prix n’est pas que le seul problème des plexes. Soit dit en passant, la place au tarif normal est ici de 11,50 euros !!! Je ne dirai pas que c’est du vol, mais je vous laisserai le penser.
 

Il y a un petit plus que j’aime bien dans ce plexe, et que je n’ai rencontré nulle part ailleurs. Cela se passe dans les toilettes (qui sont d’ailleurs bien tenues). Lorsque vous faites ce que vous êtes venus faire, vous pouvez entendre un fond sonore qui diffuse des répliques de films, et pas forcément les plus connues. Quelle beauté du geste !
 

Dans la salle 1, nous retrouvons à peu de choses près ce que nous avions connu lors de notre dernière venue dans ce plexe. La population est vieillissante et n’hésite pas à continuer sa discussion mais pendant les premières minutes du film. En rentrant chez moi, je promets de réfléchir à cette question tout à fait pertinente : « Des vieux qui parlent ou des jeunes qui utilisent leur téléphone portable, quelle population mérite le plus d’être déchue de sa nationalité ? »
 

A part cela, cette salle est assez anonyme. A noter un bel éclairage qui vient du plafond sur la partie du fond. Les lumières qui ornent le mur sont assez discrètes et de bon goût. La salle est plutôt propre, comme la majorité du plexe. Il faut dire que la vente de sucreries qui donnent le cancer et font mourir dans d’atroces souffrances, est plutôt réduite à son minimum derrière les caisses.
 

L’écran est tout à fait correct. Rien à redire sur l’image. Le son est un peu plat et le volume pourrait être augmenté sans aucun problème. Eh bien, vous voyez, même quand les conditions technologiques nous offrent le minimum syndical, c’est tout à fait suffisant pour apprécier un film à sa juste valeur. Mais il existe bien un seuil en-dessous duquel la vision du film se trouve altérée, j’en avais fait l’amère expérience à l’U.G.C. Gobelins pour LA LA LAND. Tiens, j’en profite au passage pour mettre un petit coup de griffe au Forum des Images qui n’est pourtant pas coutumier du fait, mais qui diffusa récemment le film dans des conditions pas vraiment plus avantageuses.
 

D’autre part, vous trouverez dans cette salle non pas un mais deux blocs lumineux pour indiquer la sortie de secours à gauche de l’écran. Je propose que l’on y ajoute aussi un gyrophare…
 

Et sinon, les lumières se rallument un peu trop violemment dès le générique de fin.
 

Finalement, ce plexe n’a pas beaucoup changé. Il ne faudrait pas grand-chose pour le tirer de sa médiocrité. C’est pourtant un lieu qui a bien plus à proposer que tous ces grands plexes déshumanisés. Le 7 Parnassiens reste un lieu agréable avec une réelle ambiance de cinéma de quartier que l’on aime retrouver.

 


 

4 juillet 2023 2 04 /07 /juillet /2023 14:19

-----  U.G.C. CINE CITE PARIS 19  -----
----------------  SALLE 6  ----------------

Lundi 3 juillet 2023, 19h15
ASTEROID CITY de Wes Anderson

 

                Allez, c’est la fête de le cinéma (comme diraient les poètes humoristes), profitons-en pour découvrir ce plexe qui pratique des tarifs prohibitifs. 14,20 euros le tarif plein en temps normal !!! Et, bien sûr, il y a une taxe à rajouter en cas de diffusion 3D. On appelle cela un supplément, pour faire diversion. A part cela, c’est 6 euros pour un Magnum avec une bouteille d’eau !!! Evidemment, fête ou pas fête, le lieu est désert. Un sentiment de désolation encore plus prononcé par l’immensité du lieu. Hall démesuré avec grand espace café où même les personnes extérieures peuvent venir se poser. Les sièges n’ont pourtant pas l’air très confortables. Un labyrinthe de cordons de sécurité dévore le milieu de ce hall. Il est censé organiser les files d’attente jusqu’au caisses. Mais manifestement il ne sert à rien puisque l’absence de clients nous permet d’aller directement aux caisses. Là, un jeune homme très cordial et un peu trop enjoué nous remet un ticket très fin et d’une laideur absolue qui nous permettra d’accéder à la salle correspondante. Mais tout d’abord, il faudra le faire valider par la jeune femme qui se présente devant le dédale des salles. Notons que cette chaîne continue à pratiquer la politique faussement premium et quelque peu imbécile du choix de la place. Et comme je suis particulièrement taquin, j’adore ce moment-là :

 

- A quelle place souhaitez-vous vous installer ?

MAYDRICK prend tout son temps et scrute attentivement le plan de la salle qui lui est présenté sur l’écran du guichet. Lente réflexion pour choisir la meilleure place. Ses pensées se feraient presque entendre :

- Attention, il ne faut pas se tromper. Il ne s’agit pas de se lever en pleine séance pour changer de place et gêner par la même occasion ceux qui sont bien installés. Là, ce serait trop près. Là c’est trop excentré. Là, ce serait trop évident. Là c’est bien au milieu, mais c’est entre deux couples. Je ne vais jamais aux toilettes pendant un film, mais si je me mets là je vais m’interdire d’y aller pour ne pas les déranger, et forcément, j’aurais très envie d’y aller. Là, ce serait pas mal, mais il y a quelqu’un juste devant. C’est rageant !

- Excusez-moi, jeune homme. On y voit bien à cette place ?

- On y voit bien partout dans cette salle, monsieur.

- Comment vous le savez ? Vous avez essayé toutes les places ?

- Euh… Non, mais je peux vous ass…

- C’est bien ce que je pensais.

A ce moment-là, je lis nettement sur son visage que mon travail de sape vient d’entamer son côté enjoué. Et c’est alors qu’arrive ce qui n’arrive jamais : il décide de me tenir tête par une répartie très bien sentie :

- Vous savez, je ne goûte pas non plus toutes les glaces que je vends pour savoir si elles sont bonnes.

Je suis mystifié.

Je déteste faire cela, mais je suis obligé de sortir le grand jeu. D’habitude je ne fais cela que quand je suis payé pour le faire, mais tant pis, il l’a bien cherché : je vais user de mes talents de comédien. N’étant pas très reconnu dans cette profession, c’est un gros risque que je prends. Néanmoins, je relève très lentement mes yeux vers lui. J’essaie de lui donner du regard profond et inquisiteur. J’approche très théâtralement mon visage au plus près du sien, puis je surarticule :

- Je vais prendre le D10 et j’irai m’asseoir en C4.
 

Avec ses grandes baies vitrées, ce lieu est très lumineux, très aéré. C’est très agréable d’y déambuler mais nous ne sommes clairement pas venus pour cela. D’autant que cet endroit décharné n’invite clairement pas à la convivialité. C’est sans âme, sans personnalité, sans charme. Aseptisé, consensuel, morne. Un manque criant de vie (et pas uniquement de présence humaine). Il y a quand même quelques affiches de films en format horizontal. Mais c’est trop peu pour donner envie. Ils ont tout de même eu la décence de ne pas abuser des écrans LED. Une grande impression de tristesse émane de ce plexe décharné.
 

Ce plexe renferme 14 salles et c’est la numéro 6 qui nous est attribuée. Elle n’est pas forcément bien indiquée. Mais tout en la cherchant, nous pouvons remarquer que le lieu est plutôt bien tenu. Un seul pop-corn trouvé sur le sol. Probablement tombé il y a quelques secondes. Mais cette propreté ne serait-elle pas plutôt le fait de la raréfaction des spectateurs ? Je sais pas vous, mais moi le mystère reste entier…
 

Nous rentrons sur le côté droit de la salle 6, par le fond. Mais, chose étrange, il faut longer tout ce côté et se retrouver au niveau des premiers fauteuils pour accéder aux rangées. Bizarrerie topographique qui aurait pu nous être épargnée par quelques escaliers à gravir pour nous faire arriver vraiment par le fond de la salle. Parfois, il suffit d’un rien pour éviter les mauvais points.<
 

La salle n’a rien d’exceptionnel. Nous retrouvons les fameux strapontins U.G.C. très (trop ?) moelleux, avec leur dossier en bois en deux morceaux. Personnellement, je n’en suis pas très fan. Je préfère Pathé qui propose de vrais fauteuils. La forme arrondie ne me convient pas non plus. Mais, attention, c’est loin d’être inconfortable. C’est vraiment une question de goût. En tout cas, pas de souci de dénivelé ni de grandes jambes. En revanche, vous ne pourrez rien faire pour les deux blocs de sécurité bien trop visibles, chacun d’un côté de l’écran. Soupir.
 

Bel écran. Belles dimensions. Aucun défaut décelé. Allez vous asseoir le plus au milieu possible, si vous ne voulez pas être gênés par les petites diodes des marches. La qualité de la projection est au rendez-vous. Toutes ces gros plexes misent sur le maximum de confort technologique, c’est la politique du parc d’attractions.
 

Le niveau sonore est clairement en-dessous lors des bandes-annonces. Ils le relèvent pour le film, mais légèrement. J’aurais bien aimé un poil plus, mais ce n’est qu’un point de détail. A noter aussi que les graves sont un peu plus poussés que d’habitude, ce qui est toujours bien vu.
 

Comme de bien entendu, les lumières se rallument pendant le générique de fin. Ce ne sont même pas 20 personnes (la salle compte une centaine de places) qui se sentent obligées de sortir. Et comble du comble, un employé rentre avec son balai et son sac poubelle alors que le générique n’est pas terminé ! Il ose même nous parler : « Vous étiez de la projection précédente ? » Quel manque de savoir-vivre !

 


 

24 mai 2023 3 24 /05 /mai /2023 22:51

-----------  CINEMAS STUDIO  -----------
----------------  SALLE 4  ----------------

Mardi 23 mai 2023, 16h45
SHOWING UP de Kelly Reichardt

 

                Les Cinémas Studio est un plexe de 7 salles d’art et d’essai associatives. Il est assez bien dissimulé car son entrée ne donne pas directement dans la rue. Son enseigne discrète aussi est une marque de son humilité. Car, bizarrement, il s’agit d’un complexe à taille humaine. Un peu à l’image de ce que sont les Sept Parnassiens.
 

Son agencement est atypique. Nous arrivons sous une sorte de porche très utile lorsqu’il pleut. A notre gauche, l’entrée du plexe avec les caisses. Les cordons de sécurité sont de sortie sans que l’on sache très bien ce qu’ils délimitent, ni où il faut se rendre pour aller à une des deux caisses ouvertes. Deux caisses, oui, pour si peu de monde, là où un plexe parisien n’en aurait rendu qu’une seule de fonctionnelle. Si vous ressortez de ce hall, vous repassez sous le porche, et en face se trouvent les salles 3 et 7. Le hall, lui, donne accès au réseau des autres salles.
 

Le hall est chaleureux. Des affiches de films en papier. De la documentation. De l’espace. Pas mal d’informations. Cela reste un peu chargé visuellement, et pas forcément très appréhendable pour les non-initiés, mais la déco s’intéresse au cinéma et aux films, c’est ce qui importe. Atmosphère de proximité, lumières non excessives, stand à sucreries qui ne m’a pas sauté aux yeux, hall non bruyant, public agréablement jovial et volubile. Quelque chose de bon enfant et de passionné se dégage de tout cela. Ce n’est pas très original, tout est un peu utilitaire, mais le lieu raconte son dévouement au principe de plaisir. Chouette !
 

La dame de la caisse est très souriante, très agréable, très serviable. Elle me remet mon sésame moyennant 7 euros et 20 cents, ce qui est déjà trop (le tarif normal est à 9,50 euros). Au dos, du précieux : une petite publicité pour une soirée avec plein de films du patrimoine, organisée par le plexe le 3 juin prochain.
 

Un homme qui surgit tout à coup me déchire mon billet avant d’entrer dans la salle. Ce n’est pas des manières de faire ! Je le laisse faire, ça l’amuse. Puisque c’est comme ça, je rentre dans la salle sans l’autorisation de personne et je m’installe où je veux !
 

Bon, autant le dire tout de suite, la salle n’est clairement pas à la hauteur de nos attentes. Elle semble poussiéreuse, à l’image de ces quelques fils de toiles d’araignées qui ornent les murs. C’est dommage car les sols semblent plutôt bien entretenus : aucun déchet par terre.
 

Cette salle 4 s’étire en profondeur et l’écran s’installe sur toute sa largeur. En dessous de lui, une sorte de promontoire foireux recouvert de moquette grisâtre enlaidit considérablement la salle. Au milieu, une sortie de secours a été emménagée (clairement le lieu ne devait pas être comme cela avant les nouvelles normes de sécurité), et elle est surplombée par un bloc lumineux qui indique que tout se termine là. Donc, si vous avez bien suivi, un bloc lumineux se trouve juste en-dessous de l’écran, en son milieu. Belle trouvaille ! En fin de séance, les lumières ne se rallumeront pas dans la salle avant la fin du générique (c’est déjà ça !), mais une inscription lumineuse viendra griffer le promontoire, nous indiquant la sortie à l’aide d’une flèche démesurée. Possible aussi d’avoir une personne qui nous tient par la main pour traverser la rue ?
 

La projection se déroule sans accroc. 7 minutes de bandes-annonces, c’est amplement suffisant, et le film démarre. L’image manque un peu d’éclat, le son de modelé. Rien d’extraordinaire sous ces cieux. Rien d’infamant non plus. Le public se tient bien sur des strapontins dont l’assise est un peu usée. On sent légèrement le bois sous le moelleux de la mousse. Le dossier est assez haut pour que nous puissions appuyer la tête en arrière. Ce faisant nous entendons un bruit suspect, comme si le dossier était rembourré de feuilles en plastique. Et chaque fois que nous appuyons notre tête c’est comme si l’on froissait ces feuilles.
 

A la sortie (par-dessous l’écran, donc), des portes donnent sur un couloir peu long. Ils ont eu la bonne idée de recouvrir intégralement les murs d’affiches de cinéma de différentes tailles. Cela change de ces plexes qui ont des sorties immondes, décharnées, quelque peu sordides et flippantes. Ici, on se prendrait volontiers au jeu d’y rester plus que de raison pour y déceler quelques pépites. Comme quoi, pour donner un peu de vie à un lieu, il suffit d’un rien.

 


 

23 mai 2023 2 23 /05 /mai /2023 22:21

-------  LE CINEMATOGRAPHE  -------

Lundi 22 mai 2023, 20h15
LALKA de Wojciech Has

 

                Un lieu qui ne devrait plus exister. Une sorte d’anomalie culturelle, un vestige d’une autre époque, voilà ce qu’est Le Cinématographe. Implanté dans une petite rue du cœur de Nantes, ce plexe a défié le cours du temps et subsiste encore aujourd’hui on ne sait pas très bien pourquoi ni comment. C’est typiquement le genre de cinéma de quartier qui aurait dû être démoli ou reconverti en commerce, et pourtant cela ressemble à un lieu qui a fait résistance et qui a tenu bon. Je ne connais pas son histoire mais il sent bon le plexe qui a connu ses heures de gloire il y a bien longtemps, et qui fait désormais figure de mastodonte complètement en anachronisme avec les plexes contemporains. Et devinez qui a le plus de charme malgré les rides et les douleurs aux articulations ?
 

En passant dans cette petite rue des Carmélites, on ne prête quasiment pas attention à ce plexe qui ne fait rien d’ostentatoire pour se signaler. Il y a bien quelques affiches et publications sous verre en devanture, tout comme un vieux néon qui exprime le nom du plexe, mais cet ornement n’est plus lumineux depuis probablement bien longtemps. C’est le témoin de toute une époque désormais révolue, époque au cours de laquelle il arrivait encore à Eddy Mitchell de parler bien fort dans une salle, avant que le film ne commence et pendant que les spectateurs achetaient un cône glacé en tendant un billet sans que la vendeuse ne leur rende la monnaie.
 

Alors, bien sûr, ce qui frappe dès l’entrée c’est le charme désuet de ce vieux plexe qui savait accueillir les personnes bien que le hall ne soit pas bien grand. Aujourd’hui, ce n’est plus très grave puisqu’il n’y a pas foule. A peine une vingtaine de personnes. Néanmoins, cette obsolescence déprogrammée s’efface du mieux possible. La déco chargée n’hésite pas à sortir les affiches en papier, les photos, le matériel promotionnel, les annonces etc. pour faire office de cache-misère, et ça marche ! Le rococo laisse sa place à ce qui doit être l’essence de ce lieu et qui le rend vivant : ici, c’est clair et net, on parle, on voit, on fait, on mange, on vit cinéma ! C’est un lieu de retrouvailles et non de passage. Dans la salle, les gens se reconnaissent, échangent entre eux et se retrouvent autour d’une passion commune. Car, pour venir voir un lundi soir un film polonais des années 60 qui dure 2h40, croyez-moi, il faut être connaisseur, il faut être motivé, il faut être curieux, il faut faire partie de cette espèce en voie de disparition que l’on appelle « les cinéphiles ». En voie de disparition, oui, car la moyenne d’âge de la salle est assez élevée.
 

En caisse, une dame âgée s’occupe de délivrer des billets. Comme je bénéficie d’une réduction, je ne paierai que 3 euros. Oui, vous avez bien lu : 3 euros le film. Le tarif normal n’est qu’à 5 euros ! Comment diable ce plexe peut-il survivre ? Est-ce une espèce de lieu autogéré ? Ultrasubventionné ? Qui appartient à un mécène peu regardant ? La réponse reste entière d’autant qu’ici il n’y a aucune sucrerie ni nourriture bruyante ou malodorante. Alors, peut-être que ce plexe risque de fermer chaque mois, je n’en sais rien. En tout cas, il reste un exemple qui prouve qu’on peut faire différemment, qu’on peut montrer du cinéma à un prix qui devrait être celui de n’importe quelle séance dans n’importe quel plexe.
 

Alors, il y a forcément un revers de la médaille. L’endroit évite d’être trop poussiéreux, mais il manifeste tout de même un manque d’entretien criant. La salle en elle-même est assez sublime. Je n’ai jamais vu cela ailleurs. Les murs sont en pierre. Un peu comme si le plexe avait été construit entre deux bâtiments et qu’on avait ensuite apposé un plafond pour en faire une salle. Cela donne un cachet dingue à cette salle. Rien à voir avec les murs unis, noirs et désenchantés de la plupart des plexes. Les seuls endroits qui ne sont pas en pierre sont assez dégradés (du carton ? Du papier ?) Ils témoignent là d’un manque flagrant de moyens pour entretenir le lieu (certains endroits sont colmatés au gaffer !!!)
 

En revanche, les strapontins ne sont ni vieux, ni recouverts de poussière, ni cassés. Le confort du spectateur reste une préoccupation majeure, et d’ailleurs leur assise est vraiment très bonne. Presque trois heures sans avoir rien à redire sur leur confection. C’est très plaisant, d’autant que la place pour les jambes est tout à fait correcte. Mais les dossiers vous arrivent à mi-dos. Il leur manque quelques centimètres pour pouvoir appuyer la tête. Si ce n’est jamais vraiment nécessaire dans beaucoup de plexes, ici c’est pourtant indispensable pour une simple et bonne raison : l’écran est surélevé. Et ce n’est pas du tout une erreur, c’est simplement parce que je ne vous ai pas encore dit qu’il y a une mezzanine dans cette salle. Comme dans un théâtre à l’italienne, ou comme au Louxor aussi, même si elle est moins imposante. Mais quand même, c’est de très bon goût et cela rajoute au cachet de la salle. Du coup, si le dénivelé est loin d’être exceptionnel, pas de souci d’être dérangé par la tête de son voisin puisque, d’une part, l’écran est surélevé et, d’autre part, il n’y a pas grand monde (dans une salle d’environ 100 places, hors mezzanine).
 

Notons aussi, comme à l’ancienne, que ce plexe a gardé le fameux rideau rouge qui cache l’écran, et qui s’ouvre avant que ne débute la projection. Un détail que les plus jeunes d’entre vous n’ont jamais connu.
 

Passons maintenant aux choses qui fâchent. Il y a une belle dimension d’écran tout en largeur, comme si l’on ne diffusait que du Cinémascope ici. Ce qui implique très certainement qu’un film diffusé en 4/3 ou 1.33 par exemple bénéficierait d’une faible surface de projection sur cet écran, puisqu’il y aurait de larges bandes noires sur les côtés. C’est un choix un peu étrange, mais pourquoi pas. Le problème est que l’image du film est légèrement anamorphosée. Cela provient sûrement d’un mauvais réglage pour faire en sorte que l’image tienne dans tout l’écran. Il est probable qu’avec un bon calibrage il y ait deux petites bandes noires sur les côtés, ce qui n’est absolument pas un problème. Comment une erreur aussi grossière peut-elle survenir et ne pas être corrigée ? A mon sens, c’est terriblement gênant et extrêmement problématique si toutes les projections se font de la sorte. A part cela, l’image est de très bonne qualité, la beauté du film est préservée. Le plexe est quand même passé au numérique, si vous vous posez la question. Evidemment, en 35 millimètres cela aurait été sublime mais ne faisons pas trop la fine bouche. Corrigez d’abord ce problème de format et discutons ensuite.
 

Le son, lui, manque un peu de puissance. Et comme il n’est pas étouffé par les murs de pierre, l’acoustique est très différente. Elle permet une certaine résonnance qui ne plaira pas à certains. Il y a deux écoles, là-dessus. Ceux qui sont habitués au son mat et étouffé. Et ceux qui trouvent que la réverbération donne une profondeur et un écho assez unique à une projection. Personnellement, je trouve cela très agréable à l’oreille. Il me semble que jouer les ayatollahs sur ce genre d’observation, c’est faire passer avant tout un dogme et une vision fermée de l’expérience cinématographique. La limite, à mon sens, est le moment où la résonnance perdure trop et brouille les différentes paroles. A ce moment-là, oui, l’intégrité auditive n’est plus respectée.
 

Enfin, très bon point, les lumières de la salle ne se rallument pas pendant le générique de fin. Nous pouvons encore profiter de ce temps pour rêver et repenser à ce que nous venons de voir.
 

Et puisque nous parlons des lumières, mentionnons deux blocs de sécurité en fond de salle qui éblouissent quand même un peu trop. Mais surtout, au plafond, brillent en permanence, deux diodes vertes qui ne servent absolument à rien. Je veux dire par là qu’elles n’ont rien à voir avec une quelconque norme de sécurité. Et elles sont tellement lumineuses qu’elles éclairent toute la salle. Pour le coup, c’est vraiment très dérangeant.
 

Si l’on sait passer outre son caractère vieillot et défraîchi, Le Cinématographe est un plexe qui sait ravir les spectateurs parce qu’il est vraiment dédié à ce qu’il vend. Parce que chacun s’y retrouve en terrain connu, mais aussi par son caractère atypique et convivial, on s’y sent vite très bien. Même s’il n’est pas à la hauteur de ce qu’il ambitionne être, il aurait pas mal de leçons à donner à certains plexes qui entendent fixer les lignes directrices de ce que doit être un plexe contemporain.

 


 

30 décembre 2022 5 30 /12 /décembre /2022 23:03

----------  PATHE PARNASSE  ----------
---------------  SALLE 4  ---------------

Jeudi 29 décembre 2022, 22h20
LA PASSAGERE d'Héloïse Pelloquet

 

                Pour cette séance, le moins que l’on puisse dire c’est que le film n’a pas attiré grand monde. Nous sommes 4 dans la salle ! Pour y arriver, il faut bien évidemment se munir de notre ticket de caisse (il n’y a pas d’autre mot pour qualifier ces ignobles billets) et le scanner à l’entrée. Et ensuite suivre le parcours fléché qui ne révèle quasiment pas de popcorns écrasés sur notre chemin, ce qui est plutôt surprenant pour une séance en fin de journée. Le dernier escalator est déjà en panne (le plexe a ouvert il y a quinze jours) et bipe à intervalles réguliers.
 

La salle 4 se situe tout en haut du plexe. En y entrant, nous sentons nettement que la climatisation est en action. Il fait très froid. Nous prenons place dans les fauteuils de la deuxième rangée. Ici, comme dans toutes les salles de ce plexe, les fauteuils sont inclinables au niveau du dos et des pieds. Le confort est toujours de mise. Une projection dans ces conditions, c’est un vrai bonheur. Le premier rang n’est clairement pas à conseiller. Bien qu’il y ait des sièges longs, les fauteuils sont beaucoup trop proches de l’écran. Ainsi allongés, les pieds paraissent à deux mètres de l’écran. Je suis quasiment sûr que cela n’est pas conforme à la distance réglementaire. Bizarre que ce plexe ait reçu une telle autorisation.
 

Ici aussi l’écran est doté de coins carrés. Même si la salle n’est pas très grande, il est correctement proportionné, si on prend soin d’éviter la première rangée, bien entendu.
 

Petite musique d’ambiance sympathique. La lumière pourrait être plus tamisée, mais c’est un détail. Les minutes passent, il est déjà 22 heures 40 et aucune bande-annonce n’est venue pointer le bout de son nez. L’écran reste irrémédiablement blanc. Je me décide à redescendre dans le hall pour alerter le personnel. A l’accueil, deux hommes discutent, ayant déjà commencé à lancer le processus de fermeture du plexe. Après leur avoir expliqué ce qui m’amène, ils conviennent du fait qu’il y a un problème (merci pour le diagnostic). Sans s’alarmer outre mesure, l’un d’eux part s’enquérir du problème.
 

Je retourne en salle 4. Maudit escalator qui ne fonctionne plus. Détour aux toilettes où le sol est bien plus propre que dans celles du bas (expérimentées 3 heures plus tôt). Lorsque je déboule en salle 4, je note qu’elle s’est réchauffée. Le deuxième homme du hall surgit, nous annonce qu’il est désolé et qu’un problème technique a bien eu lieu. Il communique avec son collègue grâce à un walkie-talkie, ce qui lui permet de nous annoncer que le film va être lancé directement dans une poignée de secondes. Plates excuses, disparition, noir salle.
 

La projection laser rend compte d’une image sublime avec un piqué extraordinaire. L’étalonnage fadasse du film ne rend pas bien compte de la gestion des couleurs qui est très probablement excellente. Malheureusement, les noirs sont toujours aussi peu honnêtes. Ils peinent à rendre leur véritable intensité, bouchés la plupart du temps par une sorte de voile grisâtre.
 

Et puis, tout à coup, ce qui n’avait pas existé pour moi en salle 14, me saute soudainement aux yeux. Les boutons pour incliner le siège sont tous lumineux. Et tous les sièges en sont dotés, bien évidemment. Qui plus est, les marches sont détourées par des guirlandes lumineuses assez puissantes. Ajouté à cela, le bloc lumineux qui surplombe la porte d’entrée rompt atrocement l’obscurité. Impossible d’en faire abstraction. Je m’aperçois que c’est Las Vegas dans la salle ! Je sais bien que c’est la période mais on n’est pas obligé de décorer ces salles comme des sapins de Noël ! Visiblement le premium de Pathé passe par un confort corporel sans se soucier du confort visuel. Pas premium du tout du tout.
 

Et maintenant voilà que le chauffage fait des siennes. Si la salle était glaciale en entrant, elle est maintenant devenue une véritable étuve. Nous passons de Charybde en Scylla sans qu’on nous demande notre reste. Il fera de plus en plus chaud jusqu’à la fin du film. Là encore, les lumières se rallument dès le générique de fin et jamais nous n’avions était aussi pressés de retrouver le froid hivernal du dehors.
 

Tout cela nous amène obligatoirement à nous questionner sur la surveillance des salles mise en place par Pathé. Aujourd’hui, il n’y a plus personne depuis longtemps dans les cabines de projection. Et visiblement, personne ne contrôle si la projection se lance comme il se doit. Ni si une quelconque anomalie se déclare, comme un système de chauffage défaillant. Pas plus que quelqu’un ne fait cas de ce qu’il se passe à l’intérieur de chaque salle. Et tout cela coûte 18 euros 50. Choisis ton camp, camarade.

 


 

30 décembre 2022 5 30 /12 /décembre /2022 20:53

----------  PATHE PARNASSE  ----------
---------------  SALLE 11  ---------------

Jeudi 29 décembre 2022, 19h50
L'OMBRA DI CARAVAGGIO de Michele Placido

 

                L’attraction majeure des plexes parisiens en ce mois de décembre 2022 est incontestablement le Pathé Parnasse, qui se targue d’être le premier plexe entièrement premium du groupe.
 

Le Pathé Parnasse c’est le nouveau nom du Gaumont Parnasse (côté Parnasse), qui s’est offert une rénovation digne de ce nom à force d’interpellations répétées en ce sens sur ce blog. Oui, oui, nous savons de source sûre qu’on nous entend, et aujourd’hui nous avons même la preuve qu’on nous écoute !
 

Alors, ni une ni deux, un verre de Tang vite englouti, un paquet de Big Red en poche, nous enfourchons notre fidèle destrier et nous rendons sans plus attendre dans ce plexe flambant neuf pour juger sur pièces.
 

Il faut dire que s’il est bien un plexe qui nécessitait une totale transformation, c’est bien celui-ci. Ce n’est pas pour rien qu’il squattait le fond de notre classement, reflétant nos propres aversions à chacune de nos venues.
 

Il y a là tellement de travail que la façade est encore en travaux. Et il est peu probable qu’elle laisse place à de superbes affiches papier. L’ampleur des travaux laisse plutôt penser que la firme y installe un énorme écran lumineux. Nous en reparlerons sûrement.
 

Ce qu’il faut savoir de ce plexe c’est que, malgré sa restauration, sa structure reste plus ou moins la même. L’énorme hall d’entrée est toujours là, mais il n’est plus obstrué par d’ignobles automates. Ces derniers ont été remplacés par des écrans tactiles posés de part et d’autre du hall, sur lequel chacun peut retirer ses billets. Ce qui signifie que les caisses ont tout bonnement disparu. Tout au bout du hall, il ne reste qu’un ersatz de comptoir où nous trouvons 3 personnes chargées de l’accueil. Il ne faut pas le dire, ces personnes ne sont pas censées délivrer de billets mais elles peuvent tout à fait le faire si elles sont de bonne composition. L’inconvénient avec ce système de bornes, c’est qu’en cas de problème il faut s’en sortir tout seul ou aller prévenir une de ces personnes à l’accueil. Nous ne passons pas plus de 5 minutes dans ce hall pour nous apercevoir que déjà deux interventions sont nécessaires. A qui profite le crime ?
 

Au bout de ce hall, se trouve donc l’accueil et, à sa droite, plusieurs portillons où il faut scanner son billet (un vulgaire ticket de caisse, soit dit en passant) pour que les portes s’ouvrent et nous donnent accès au réseau des 12 salles. (Cela fait un peu quai de la SNCF, ou entrée d’immeuble d’une grosse boite du CAC 40.) Aussitôt fait, nous voilà nez à nez avec un gigantesque écran LED 16/9ème voire plus, genre 2:60 ou même 2:90, si ce n’est du 2:150. Très bel objet qui ne sert qu’à diffuser des bandes-annonces, et qui dévoile la multiplication d’écrans LED qui foisonnent à l’intérieur. Avec ces images qui sursautent sans cesse, le lieu fait une croix sur une certaine quiétude. Pas de repos visuel ou de sérénité déambulatoire, vous êtes sans cesse sollicités.
 

Autres sollicitations permanentes : les friandises et les diverses boissons sucrées qui pullulent. Evidemment, vous pouvez en acheter à l’intérieur du réseau, mais n’oublions pas de mentionner leur surabondance dans le hall d’entrée. Tous ces produits sont en libre-service. A bien y regarder, ce n’est pas un hall, c’est une galerie marchande. Et tout est hors de prix. La bouteille de 50 centilitres de Volvic coûte 3 euros ! Et c’est là que nous abordons le versant le plus polémique : le Pathé Parnasse est un plexe pour les riches. C’est clairement la population visée. La place coûte 18 euros 50 !!! Et il vous faudra rajouter un supplément de 2 euros pour une séance en 3D. C’est délirant. Nous avons toujours martelé ici que les places de cinéma sont trop chères. Même la place la moins chère sur Paris ou la région parisienne est déjà trop chère. L’idée qui se cache derrière tout cela est que, petit à petit, les portes des plexes se ferment aux budgets les plus modestes, et maintenant aux classes moyennes. Eh bien, je vais vous dire, bien que cette vision soit insupportable, ils ont vu juste.
 

Ils ont raison d’un point de vue économique car l’espoir de revoir un jour des salles remplies est désormais une histoire ancienne. Il est loin le temps où les entrées ne valaient quasiment rien et que nous pouvions passer nos journées à l’intérieur d’un plexe sans perdre un mois de salaire. Mais cela avait aussi une contrepartie pas forcément des plus agréables puisque certaines salles pouvaient héberger des personnes qui gênaient régulièrement les séances. Aujourd’hui, les seules séances qui se prévalent de pouvoir remplir des salles sont de gros blockbusters annoncés (AVATAR : THE WAY OF WATER actuellement), et donc, proportionnellement au nombre de films qui sortent chaque année, ce ne sont que des phénomènes exceptionnels. Le constat est simple : depuis la Covid-19, le public ne se presse plus dans les salles. Les principaux groupes ne savent plus comment relancer l’attrait de leurs lieux. La principale raison avancée est que les plateformes ont supplanté les salles pour des abonnements mensuels coûtant aussi cher qu’une seule place de cinéma. S’il est probablement vrai que cela ait joué un rôle prépondérant, nous sommes plutôt perplexes quant à pointer le doigt uniquement sur ce phénomène. Il y a quelque chose de plus complexe qui se trame là-dessous, mais c’est une autre histoire, comme dirait le poète des années 80. En tout cas, pour revenir à ce qui nous occupe, ce que savent ces grands groupes c’est qu’il est impossible de faire payer des personnes qui ne sont plus là. Alors, pour compenser leur manque à gagner, il leur faut s’attaquer au portefeuille de ceux qui viennent encore. Or, si on leur demande de payer plus, il faut leur offrir quelque chose de plus. Et c’est ainsi que naquit le concept du « premium ».
 

Lorsque les premières annonces de ce cinéma premium furent faites, les premières réactions promettaient la fin de ce plexe, prévoyant que personne ne voudrait payer aussi cher. Mais il faut bien voir que toutes les personnes ne paient pas un tarif plein. Les deux tiers des spectateurs bénéficient d’un tarif réduit. Nous sommes là sur une fourchette qui reste élevée (de 9 euros 50 à 13 euros 50) mais loin des 18 euros 50 sans aucune réduction. Et par notre expérience du jour, force est de constater que ces tarifs sont loin d’être prohibitifs puisque notre salle était à moitié remplie, soit environ une trentaine de spectateurs (dont la plupart s’étaient armés de popcorn et autres saveurs sucrées).
 

Il est aussi possible de rétorquer qu’à court terme ce plexe va attirer un public curieux de vivre cette nouvelle expérience et qu’une fois le temps de la découverte envolé, les entrées vont se tasser. Il nous semble que, même si cela se produit, cela ne sera pas assez significatif pour créer la perte du lieu. A suivre.
 

Mais ce qui nous intéresse aujourd’hui, c’est de se confronter à ce que recouvre la dénomination « premium ».
 

D’abord, ce qui saute aux yeux en arrivant dans ce plexe, c‘est l’impression de bien le connaître. La maison Pathé décline son look dans toutes ses franchises et ce sans grande imagination. Concrètement, c’est toujours le même designer Ora-ïto qui est à l’œuvre. Enfin, c’est ce qu’on nous dit. Moi, je crois plutôt qu’il s’agit d’un personnage issu des aventures de Tintin. Toujours est-il que les lignes fuyantes sont privilégiées, le minimalisme permet de rendre l’ensemble moins brouillon (même si les écrans LED annihilent tout cela), la déco prestige donne un côté luxe à tout cela (l’habillage lumineux y est pour beaucoup), et les couleurs beaucoup plus sobres que celles du Gaumont Parnasse (côté Parnasse) donnent beaucoup de maturité au lieu. Même les escaliers de sortie ont été soignés (nous sommes loin de ces plexes qui laissent cette dernière voie en décrépitude). Le célèbre tunnel a été rénové. Accès très chouette et complètement atypique. Ils ont aussi gardé le lustre issu de la décoration qui avait été confiée à Christian Lacroix. Il se trouve dans un petit espace détente bienvenu au milieu du labyrinthe des salles. Des banquettes intégrées au mur par-ci par-là sont aussi à signaler. Avant chaque salle un écran LED intégré indique le film, la séance et la disposition des sièges. Les toilettes ne sont pas forcément bien signalées. Une fois trouvées, à l’intérieur, c’est encore le même univers que dans les autres plexes estampillés Pathé. Hyperluminosité, design épuré et toujours des robinets avec détection de mouvement absolument pas pratiques. L’eau gicle partout, et avec les diverses allées et venues le sol est épouvantablement humide et noir de saleté. Pas premium du tout du tout.
 

Et à l’intérieur de la salle 11, comment ça se passe ?
 

L’entrée se fait par le fond. Bon point. Nous avons choisi des sièges au premier rang. Ici se trouvent huit sièges longs, c’est-à-dire où nous pouvons étendre nos jambes. Tous les autres sièges de la salle n’en sont pas pourvus, mais il est possible d’actionner un rabat placé sous le siège, qui permet de surélever ses jambes. Les fauteuils sont d’un confort incomparable. En fait, ce sont des fauteuils quasiment normaux sur lesquels s’ajoute sur une couche très molletonnée et d’une douceur quasiment érotique (de la flanelle à ce qu’il paraît). Cet ajout fonctionne un peu comme un surmatelas pour un lit. Il déborde jusqu’à recouvrir l’arrière du dossier où est apposé (brodé ?) un coq impérial à l’effigie de Pathé. Ça, c’est non. Le dossier des sièges est inclinable grâce à quelques boutons intégrés à l’intérieur de l’accoudoir droit. Ces derniers (les accoudoirs) sont assez larges et eux aussi recouverts de cette flanelle ultra-douce. Au bout, nous trouvons un porte-gobelet où se recueillent divers débris de popcorn. J’imagine qu’on ne les nettoie pas régulièrement. Et comme nous l’avions remarqué dans les couloirs qui mènent à cette salle, l’ensemble manque de matériaux nobles. Pourquoi ne pas opter pour du bois pour le dossier des fauteuils ? Pourquoi, dans les couloirs, ne pas opter pour un carrelage antidérapant plutôt que de la moquette ? Et tant qu’on y est pourquoi ne pas prévoir un service en salle comme aux Etats-Unis ? Comme quoi, le premium peut aussi être discount.
 

Pas de strapontins, donc, dans ces salles. C’est le confort qui prime avant tout. Les sièges sont bien larges et il y a environ 1 mètre entre chaque rangée. Chacun peut étendre ses jambes à loisir. Et pas de problème de dénivelé.
 

Alors, bien sûr, nous aurions aimé la disparition des blocs lumineux de secours. Pour des raisons de sécurité évidentes ce ne peut être le cas, mais on nous épargne le bloc juste à côté de l’écran, c’est déjà ça. Il se situe plus en retrait sur le côté droit, et lorsque nous sommes placés au premier rang il se place tout à l’extrême de notre champ de vision et devient bien moins gênant. Néanmoins, ils n’ont rien fait pour atténuer son effroyable luminosité, et dès le deuxième rang je pense qu’il doit déjà être très perturbant.
 

Personnellement, je n’arrête pas de bouger même dans les sièges des plexes les plus confortables. Je vous assure qu’ici pendant près de 2 heures 30, vous êtes véritablement choyés. Et si, comme moi, vous aimez bien replier vos jambes, rien ne vous empêche d’enlever vos chaussures. (Mais on ne fait pas comme chez soi, je rappelle qu’on est au cinéma !) En revanche, pour les autres fauteuils l’inconvénient est qu’on ne peur pas plier ses jambes en les faisant passer sous le siège (à cause du rabat dont nous avons parlé plus haut).
 

Le plexe a ouvert il y a environ une quinzaine de jour et sent encore le neuf. Plus particulièrement le cuir neuf (là où reposent nos pieds). L’odeur est un peu trop prégnante. La température pourrait aussi s’élever d’un ou deux degrés. Il fait frais.
 

Au niveau de l’écran c’est du parfait sur toute la ligne. Il est doté de coins carrés et ça, je crois que c’est la première fois que je le vois. Très bien tendu et très bonnes dimensions. Il est assez grand mais pas trop, si bien qu’au premier rang la vision du film est tout à fait convenable, pas du tout insupportable comme nous aurions pu le craindre. C’est bien pensé. Et l’image est exceptionnelle. Cela est sans nul doute le fait de la projection laser. Le piqué de l’image est fabuleux. Les couleurs parfaitement rendues. C’est véritablement ce qu’il se fait de mieux sur le marché. Le gros problème reste encore et toujours la gestion des noirs qui ne connaît aucune amélioration. Les noirs manquent de profondeurs et tirent parfois sur le gris.
 

Il y a beaucoup plus de choses à redire à propos du son. L’immersion est pourtant l’un des critères majeurs avancés pour développer l’attractivité du plexe. Eh bien, je vais vous dire, l’amélioration n’est pas flagrante. Et pour être tout à fait franc, le concept de l’immersion n’est rien d’autre qu’une vaste supercherie. Bizarrement, un ronronnement se fait entendre lors des moments de silence. Et cerise sur le gâteau, en plein film la soufflerie de l’aération de la salle se fait entendre pendant plusieurs minutes. Drôle d’idée du premium !
 

En fin de film, les lumières se rallument avant la fin du générique. On part sur une légère violence oculaire, alors qu’une apparition tout en douceur cela se pratique dans beaucoup de plexes et n’est pas compliquée à mettre en place. Et ça, ce serait vraiment premium.
 

L’expérience se termine et nous repartons par là où nous sommes entrés. En faisant ce chemin en sens inverse, nous remontons le dédale de salles sans croiser de personnel du plexe. La possibilité de frauder et de pénétrer dans une autre salle sans accréditation semble à portée de tous. Pour 18 euros 50 l’entrée deviendrait tout à fait rentable.
 

Après cela, la question qui reste est de savoir si le premium vaut vraiment 18 euros 50. A vrai dire le premium nous le connaissons déjà. Lorsque les projections sont passées en 4K, c’était déjà du premium sans la dénomination. Les fauteuils duo, la 4DX, le Dolby Atmos, l’Eclair Color, le relief, le CinemasCope, tout cela c’était du premium. Être confortable pour visionner un film, c’est important. Bénéficier d’une qualité de projection optimale, c’est important. Mais ne pas être dérangé par un téléphone portable, c’est tout aussi important. Mais aussi important que ce soit, n’oublions jamais que rien de tout cela ne parviendra à améliorer la qualité d’un film.
 

La rénovation de ce plexe était quelque chose de nécessaire, mais qui ne doit pas être incluse dans le pack premium. Et malgré cette refonte, le plexe reste froid, impersonnel, commercial. Une fois de plus, nous avons plus l’impression de nous trouver dans un centre commercial (au niveau du hall) ou dans une chaîne d’hôtels (en arpentant les couloirs). Comme beaucoup d’autres plexes, le Pathé Parnasse cache son produit d’appel comme s’il en avait honte. Le cinéma est englouti et renvoyé à un vulgaire produit commercial. Et tout ramène le spectateur à l’état de consommateur.
 

Le premium, simple idée marketing, est dédié aux salles avec des avantages certains mais qui ne font pas une énorme différence. Les projections en 4K sont déjà très satisfaisantes. Il arrive un moment où la technologie atteint un tel stade que les améliorations ne sont pas substantielles (même si toujours bonnes à prendre). Les sièges de ce plexe apportent une réelle plus-value, mais beaucoup d’autres plexes bénéficient d’une qualité de confort tout à fait convenable. Cela n’a rien de comparable au passage d’un tabouret à un siège confortable et enveloppant. D’autant que l’enseigne aurait encore beaucoup d’efforts à faire pour offrir des services véritablement premium au lieu d’offrir un premium d’apparat.
 

Sans être factice, tout est un peu gadget, ce qui ne contribue qu’à alimenter la rhétorique de l’expérience. Le Pathé Parnasse est donc l’exemple-même de ces plexes qui réévaluent leur modernité à l’aune de leurs facultés à devenir des parcs d’attraction.

 


 

20 octobre 2022 4 20 /10 /octobre /2022 11:22

------  CINEMA DES CINEASTES  ------
---------------  SALLE 2  ---------------

Mercredi 19 octobre 2018, 18h40
R.M.N. de Cristian Mungiu

 

                Quel plaisir à chaque fois d’investir ce lieu où tout vous raconte une histoire ! De cinéma.
 

Depuis que la caisse a changé de place, l’impression d’un hall désaffecté se fait un peu plus sentir. Il faut dire que ce sont surtout les personnes qui attendent que les salles se libèrent qui font vivre l’espace. Ce grand hall (c’est très bien) peine à remplir toutes ses promesses. Même les panneaux qui sont censés accueillir les articles de presse et autre matériel promotionnel sont quelque peu délaissés. Alors, bien sûr, l’aménagement du lieu et sa patine artificielle n’ont pas changé et chargent le lieu d’une certaine histoire du cinéma ainsi qu’ils renforcent son aspect artisanal, mais cet espace pourrait être bien mieux rentabilisé. Diverses pancartes dédiées de-ci de-là se remarquent (Naomi Kawase pour AN, Julie Delpy pour 2 DAYS IN PARIS…), mais cela reste insuffisant. Et puis, le Cinéma des Cinéastes ne nous épargne pas non plus ces fameux cordons de sécurité qui ne sécurisent rien du tout, et qui sont la plaie des plexes contemporains. Nous l’avons dit et redit, ces cordons de sécurité c’est non, non et non ! Non seulement nous ne sommes pas des animaux que l’on parque, et en plus c’est absolument hideux ! Ils ne servent à rien la plupart du temps et ne font qu’embrouiller le spectateur privé de sa liberté de se mouvoir.
 

Ne chargeons plus la mule, le Cinéma des Cinéastes est assurément l’un des plus chouettes plexes de la ville pour que nous soyons un peu critiques.
 

A l’intérieur de cette salle 2, l’atmosphère est accueillante. Petite salle d’environ 90 places, très resserrée, sobre, obscure juste ce qu’il faut. L’entrée se fait en milieu de salle, sur la droite. Ce n’est pas l’idéal mais c’est toujours mieux que l’entrée de la salle 3 qui se fait devant le public.
 

L’écran est de dimension très moyenne, sans que cela ne jure avec les dimensions de la salle. Les murs de chaque côté l’enserrent parfaitement.
 

Surtout, il y a un grand avantage dans cette salle, c’est qu’il n’y a pas de bloc lumineux près de l’écran. Pas de gène, donc, si vous êtes placés suffisamment près. Extrêmement appréciable.
 

Les fauteuils sont superbement confortables. C’est le top du top. Il manque une toute petite hauteur de dossier, mais c’est un détail. Nous sommes là sur de l’assise premium. Avec une telle qualité, nous pourrions trouver qu’il manque un dossier plus en adéquation, peut-être en bois, mais là encore c’est du détail. Vous sentez tout de suite que la direction a compris que le fauteuil est aussi important que la qualité de projection.
 

Cette dernière est au rendez-vous. Superbe rendu. Le volume manque un poil de puissance (encore un détail). C’est du 5 étoiles sur toute la ligne.
 

Il y avait environ 25 personnes dans la salle. Un public assez âgé qui a su se tenir.
 

Les courts métrages ne sont toujours pas revenus en début de séance. Eh oui, pour ceux qui ne le savent pas, il y a encore quelques années le Cinéma des Cinéastes diffusait des courts métrages avant le grand film (MK2 faisait cela aussi). C’était bien sympa, mais cela a totalement disparu et je crains que cela ne revienne pas, le petit marché des courts métrages étant devenu un business clairement lucratif. Mais on démarre une autre histoire, comme disait le poète.
 

En tout cas, les lumières ne se rallument qu’à la toute fin du générique, cela n’a pas changé et reste une des grandes qualités du plexe.
 

Et puis, une note qui interroge... En haut à droite de l’écran, une longue toile d’araignée toute droite pendouille. Son ombre vient accrocher l’écran et se remarque surtout pendant les parties claires. Et ça, vu le standing du lieu, ce n’est pas Palace du tout !
 

Vous l’aurez compris, le Cinéma des Cinéastes est un lieu à privilégier. On y va pour les films autant que pour le lieu. Et en plus, il y a un chouette endroit à l’étage pour manger un brin ou boire un verre (sans forcément être obligé d’acheter un billet).

 


 

9 septembre 2022 5 09 /09 /septembre /2022 00:10

---------  FORUM DES IMAGES  ---------
---------------  SALLE 300  ---------------

Mercredi 7 septembre 2022, 14h15
ITIM de Mike De Leon

 

Il est vrai que le Forum des Images a bien changé ces dernières années, disons depuis qu’il a changé de direction. La salle 30 a disparu depuis un certain temps. A l’accueil, si toutes les caisses étaient encore ouvertes il y a encore quelques temps, désormais il n’y en a plus que deux, voir une autre pour les invités. Et donc, tout cela occasionne des files d’attente très longues. Le grand hall d’accueil a laissé sa place aux ordinateurs de TUMO, l’école de la création numérique pour les 12-18 ans. Une bonne initiative, certes, mais elle a aussi pris pas mal de place à la salle des collections. Le 7ème bar n’est plus ce qu’il était, avec ses produits de moins bonne qualité (sans changement de prix). Les séances de cinéma qui avaient lieu dès l’ouverture sont beaucoup moins nombreuses (deux par jour en moyenne).
 

La salle 300 aussi a bien changé. Elle a été rénovée il y a un ou deux ans. Sa disposition atypique a été conservée mais sa déco a été épurée. Exit les grandes et belles affiches qui ornaient les murs. Nous trouvons aussi des bandes très lumineuses sur toute la largeur des marches. Le conseil judicieux est donc de ne pas trop se placer en bout de rangée pour ne pas être gêné par ces lumières. Un large panneau superfétatoire est venu se placer sur la droite et l’inscription "Forum des images" s’allume quand rien n’est projeté à l’écran. La sortie de secours juste à côté de l’écran est malheureusement restée à sa place. En même temps, vu la configuration de la salle, difficile de de la mettre ailleurs.
 

Et puis cette année, ils ont eu la bonne idée de changer tous les fauteuils. Bon, cela reste des strapontins, mais ils sont tout neufs donc très très confortables. L’assise a une excellente tenue. Aucun souci pour les films un peu. Avec les anciens, il arrivait fatalement un moment où nous n’arrêtions pas de se tortiller à intervalles réguliers sans trouver de position satisfaisante. Pour info, ce sont encore ces anciens fauteuils que nous trouvons dans la salle 100.
 

Alors, évidemment, le bloc lumineux qui indique la sortie de secours est toujours à la même place, c’est-à-dire bien trop près de l’écran. A n’importe quelle place vous l’aurez obligatoirement dans le coin de l’œil pendant tout le film.
 

Une chose qui a également bien changé, et pas dans le bon sens, c’est le public. Le public du Forum des Images, bien que composé de passionnés et de cinéphiles, est d’un sans-gêne sans nom et probablement l’un des plus rustres. C’est très étonnant comme cela s’est transformé en très peu de temps. Un public qui n’hésite pas à parler fort, à passer dans la rangée sans demander pardon et surtout qui utilise toutes les capacités de leurs smartphones. Les écrans lumineux s’allument d’à peu près un peu partout, pour regarder l’heure où répondre à des messages. Pendant la projection deux téléphones ont sonné à quelques minutes d’intervalles. L’un des deux qui avait sonné reviendra à la charge un peu plus tard. Parfois, on se demande…
 

Et puis, il faut surtout noter qu’à environ un tiers du film, ce dernier s’est brutalement interrompu. Ecran noir. Evidemment, c’était une projection numérique. Je dis cela parce qu’au temps de la pellicule, le projectionniste serait aussitôt intervenu. Mais comme il n’y a plus personne en cabine, si aucun spectateur ne va avertir les autorités compétentes, le film ne redémarre pas. Quatre ou cinq minutes plus tard, une jeune femme arrive et vient nous annoncer qu’il s’agit d’une coupure électrique et qu’il reprendra incessamment sous peu. En effet, le film reprend sauf que… il lâche à nouveau quelques secondes plus tard. Rebelote. Une minute après le film repart mais dix minutes avant l’endroit où il s’était arrêté. Eh bien, je vais vous dire, ce n’est pas la première fois que cela m’arrive dans cette salle. Je ne sais pas pourquoi c’est toujours la salle 300. Jamais la 500 ni la 100. Bon, en même temps cela reste occasionnel.
 

Pour terminer, n’oublions pas de mentionner que les génériques se terminent toujours sans que les lumières ne se rallument et ça, c’est vrai un petit plus qui fait la différence, car cela n’existe quasiment nulle part ailleurs.

 


 

30 mai 2022 1 30 /05 /mai /2022 12:09

------  PATHE OPERA PREMIER  ------
----------------  SALLE 1  ----------------

Dimanche 29 mai 2022, 19h00
HEOJIL KYOLSHIM de Park Chan-wook

 

Anciennement Gaumont Opéra Premier, ce plexe a changé de nom fin 2019. Comme d’habitude, c’est comme si c’est le mot "changement" n’était rien d’autre qu’un terme de novlangue, une sorte de concept marketing qui ne se comprend que par l’inverse qu’il entend proclamer. Car, en fin de compte, c’est toujours la même fine équipe qui est aux commandes du navire. Prenons les mêmes et recommençons.
 

On gratte un peu les plâtres et on change les kakemonos qui deviennent jaunes et contribuent au culte de la personnalité de Pathé, et le tour est joué. Dans ses habits tout neufs, le Pathé Opéra Premier ressemble comme deux gouttes d’eau à son prédécesseur. Pourtant situé favorablement du côté des Grand Boulevards, la devanture du plexe ne sait pas exploiter cet avantage et se fond malgré elle dans l’architecture locale.
 

Hall plutôt agréable puisqu’il y a de l’espace. Mais la blancheur des murs rend l’endroit très… Comment dire ?... Chirurgical ! Evidemment il n’y a plus d’affiches papier depuis fort longtemps. Des écrans LCD ornent la façade. Dans le hall d’autres écrans diffusent différentes informations, notamment le nombre de places vides dans les 6 salles du plexe. Et puis il y a toujours ce triple écran LCD aux dimensions exagérées. Ça diffuse des bandes-annonces que personne ne regarde. On trouve aussi deux bornes qui délivrent des tickets d’entrée. Sur la droite, il y a également deux caisses mais une seule est ouverte malgré l’affluence.
 

Deux personnes vérifient nos codes-barres à coups de machines lasers. Normalement, un bip doit retentir en guise de positivité. Mais pas là. La jeune femme a les yeux rivés sur son écran de contrôle dont rien ne sort. Silence gêné. Pas d’explications de sa part. Quelles sont les formations qui apprennent encore à communiquer autrement que par diligence informative ? Va, je ne te hais point, formateur, d’ailleurs je ne te lance pas la pierre car je suis persuadé que tu agis normalement, vu que tu supposes qu’il s’agit d’un acquis que toute personne devrait normalement hériter de son éducation. Bref, quelques secondes plus tard, cette dame nous laisse passer même si le bip n’a toujours pas retenti.
 

Avant de descendre les quelques escaliers qui mènent au réseau de salles, nous remarquons que le plexe a tout de même eu la bonne idée de garder les miroirs peints par Rober Pansart, hérités du Berlitz, ancien plexe dont peu de gens se souviennent. Dans un style art déco, ils ornent les murs qui surplombent les escaliers dont nous parlions précédemment. Pas vraiment ma tasse de Benco, mais voilà qui donne un peu de cachet à ce lieu sans âme. L’ensemble dénote avec les couleurs qui tâchent un peu partout, mais c’est exactement le genre d’élément décoratif qui permet de donner une véritable identité à un lieu. C’est ce que nous sommes en droit d’attendre d’un plexe. Quelque chose qui le rende tout sauf anonyme, quelque chose qui marque sa singularité, qui lui donne un surplus d’âme. Ce qui est dommage ici, c’est qu’au milieu d’une telle standardisation, cette œuvre représente plus une contrainte qu’une mise en valeur du lieu. Bien tenté.
 

Notons que nous empruntons des escaliers faits avec du bois d’arbre, mais si on regarde bien, on peut apercevoir, quelque peu caché, un ascenseur que peuvent emprunter les personnes à mobilité réduite. Et ça, c’est un bon point.
 

Bon, après cela, il n’y a plus rien à voir. Nous arrivons directement au sous-sol où se trouvent le circuit de salles. La première chose qui nous saute aux yeux est la galerie marchande consacrée à la junk food la plus sucrée qui soit. Quel étalage de festivités ! Les lumières nous aveugleraient tant elles nous ordonnent de passer par ces rayons si bien pourvus. Le stand fait quasiment toute la longueur du couloir d’accès. Comble du mauvais goût, il est même délimité par un cordon de sécurité ! Un autre cordon (double, celui-ci !) crée une sorte d’allée où l’on a déployé un tapis rouge comme à Cannes. Normal, nous allons voir un film présenté au festival. D’où le tapis rouge. Oh la bonne idée, dis-donc ! Mais ils n'ont pas eu que celle-ci. Ils proposent aussi une coupe de champagne (mais en fait c’est une flûte sur l’affiche) pour 8 euros ! 8 euros !!! Et je parierais bien ma Bentley qu’il ne s’agit pas d’un Ruinart ! Une autre idée du glamour, somme toute. Bon, en même temps, il ne fallait pas s’attendre à autre chose vu que la place coûte ici 14 euros et 20 centimes. Ce qui est beaucoup trop cher, même pour un très très bon film. Et après on se demande pourquoi les salles ne se remplissent plus !
 

Bizarrement, l’endroit est plutôt propre. Mal décoré, mal agencé, mais plutôt propre. Vu toutes les friandises qu’ils vendent, c’est plutôt étonnant. Ne parlons pas trop vite. La salle paraît tout aussi bien tenue. Probablement que les employés font le ménage entre deux séances. J’en suis même persuadé et j’en ai la preuve. A peine sommes-nous installés qu’à côté de moi vient s’asseoir un jeune couple (en fait, ils laissent un siège entre eux et moi, ce détail va avoir une importance). Le garçon se fait remarquer, tient son rôle de mâle alpha, joue les fiers à bras, piochant continuellement dans le cornet de pop-corn de sa copine. Et ce qui devait arriver arriva. En jouant avec sa deuxième main gauche, le jeune homme envoie valser le cornet qui se déverse en première partie sur le spectateur juste devant, et en deuxième partie sur les autres fauteuils environnants. Le pop-corn s’arrête à mes pieds. Je suis miraculeusement épargné. Je regarde la scène avec un petit sourire en coin qui me fait jubiler intérieurement. On peut lire sur mon visage : « Je ne vais certainement pas vous aider, mes chéris ». Passée leur stupéfaction, le couple entreprend de réparer les dégâts. Le jeune homme s’adresse au spectateur de devant qui a fait les frais de sa maladresse. Ci-après, voici sa phrase telle que je l’ai entendue : « Attention, monsieur, vous en avez un dans les cheveux. Ah non, c’est bon, il est tombé. Y’a pas de souci. » De son côté, la jeune fille nettoie ses bêtises à l’aide d’un mouchoir en papier, tout en maugréant à l’encontre de son bien-aimé : « 8 euros ! » Elle pousse le pop-corn ainsi récupéré, sous son fauteuil, après tout, elle paie assez cher pour que les employés bossent un peu entre deux séances ! Du fin fond de la salle, croisée à notre entrée, une femme crie à tous les arrivants : « Les numéros pairs à droite, les numéros impairs à gauche ». Tout à coup, et elle ne vise pas mes voisins, nous l’entendons s’en prendre à d’autres personnes qui ont amené de la nourriture avec eux : « Qu’est-ce que c’est que cette nourriture ? On ne rentre pas avec de la nourriture ! Pas de nourriture dans la salle. » Son autorité est bien vite mise à mal. Mais quel est donc ce lieu vulgaire et beauf dans lequel nous nous sommes engouffrés ? On se croirait presque au Pathé Wepler ! Un rapide coup d’œil dans la salle m’apprend qu’effectivement quelques personnes mangent des sandwichs ou autres victuailles qu’elles n’ont probablement pas achetés ici. Mais qu’est-ce que c’est que tous ces gens qui meurent de faim et de soif au cinéma ? Vous n’avez pas un peu de tenue ? Un minimum de dignité ? Un semblant de savoir-vivre ? Vous n’êtes pas capable de manger avant ou d’attendre un peu et de vous sustenter 2 heures plus tard ? Personnellement, je n’ai jamais acheté la moindre chose qui puisse se boire ou se manger dans un plexe, et je vous assure que je n’ai jamais fait la moindre crise d’hypoglycémie ou de tachycardie. Allez, ça suffit. Respectez-vous un minimum.
 

Vous l’aurez compris, c’est un drôle de capharnaüm qui règne dans cette salle, mais nous allons quand même essayer d’en parler un peu.
 

C’est la plus grande salle du plexe. Elle contient 420 places. Ce ne sont que des strapontins, qui plus est moyennement confortables. Les accoudoirs sont quand même assez durs ! Sinon, l’espace pour les jambes est plutôt bon, le dossier du fauteuil monte assez haut, le tissu rouge est un peu rêche, il y a des porte-gobelets à chaque accoudoir et une très bonne dénivellation. L’ambiance est sobre, minimaliste, dépouillée, sans âme encore une fois. Bref, nous ne sommes pas dans le prestige mais dans le fonctionnel. La routine, en quelque sorte.
 

Mais pourquoi avoir monopolisé deux personnes pour l’accueil des spectateurs ? D’abord, un homme nous ouvre la porte de la salle 1 et nous invite à bien vérifier notre place sur notre billet, afin d’éviter tout blocage intempestif. Il est avenant et serviable même s’il ne sert pas à grand-chose. Et puis, une fois passé le sas des portes, nous tombons sur cette vendeuse de poisson dont nous parlions plus haut, dont la voix résonne dans toute la salle. Elle, a une utilité, mais pourquoi ne pas l’avoir placée devant les portes d’entrée, justement ? Ici, elle ne fait que contribuer un peu plus à cette atmosphère de chaos, vu que la séance est complète, avions-nous oublié de préciser.
 

L’écran a de belles dimensions, et il n’y a qu’un bloc lumineux sur son côté. Alors parenthèse bloc lumineux. Il est vrai que nous ne cessons de les décrier même si certains (mais c’est tout de même très rare) arrivent à se fondre dans le décor, mais ils restent sans nulle doute une aberration esthétique et un obstacle majeur pour obtenir une obscurité correcte. Ici, étant donné l’ampleur de la salle, sa luminosité n’a quasiment aucun impact au cours du film, même dans les moments les plus sombres. Tout comme celui du fond de la salle (par où nous sommes entrés, si vous suivez bien). Et si nous sommes un tant soit peu éloignés, sa présence ne se fait que très légèrement sentir en cours de projection. Reste le vert criard immonde de ces blocs de sécurité. Liberté ou sécurité, choisis ton camp, camarade. Nous devrions plutôt dire, le cri du cœur ou le cri de la raison, choisis ton camp camarade…
 

Côté projection l’image ne me paraît pas fofolle. C’est très probablement du 4K, mais elle m’a semblé un peu plate. Tout comme le son qui ne prend aucun risque, si ce n’est d’avoir un volume assez poussé, ce qui est de bon ton. Néanmoins la luminosité est satisfaisante. En revanche, et cela saute aux yeux très rapidement, les noirs manquent très nettement de profondeur. Bon. Tout reste dans la norme. On y voit bien et on entend bien. C’est un peu comme si je vous disais, pour parler du film projeté, que les acteurs sont justes.
 

Evidemment, les lumières se rallument assez violemment dès que le générique de fin défile. Qu’attendions-nous d’autre ? Et surgit à nouveau du fond de la salle, devinez qui, pour hurler à plusieurs reprises que la sortie se fait en bas à droite ? D’où l’utilité du bloc lumineux pendant toute la projection… 14 euros 20 !!!
 

Malgré son changement de nom, le Pathé Opéra Premier est exactement le même que celui que nous avons connu sous la dénomination de Gaumont Opéra Premier. Il manque ici (et il y aurait moyen de le faire) une vraie identité. Le plexe paraît sans saveur, ne nous raconte rien et se contente de faire de l’accueil de groupes. C’est dans la lignée d’une politique qui sévit depuis de nombreuses années et qui consiste à nous faire accepter qu’aujourd’hui on ne va plus au cinéma mais on va voir des films. J’appelle cela faire les poches des spectateurs. Car, pour 14 euros 20, nous sommes en droit d’attendre nettement mieux, non ?

 


 

26 mars 2022 6 26 /03 /mars /2022 16:31

------------  PATHE WEPLER  ------------
----------------  SALLE 4  ----------------

Jeudi 25 mars 2022, 19h30
AMBULANCE de Michael Bay

 

Tiens, tiens, une salle du Pathé Wepler dans laquelle nous n’avions jamais mis le bout du museau ! Alors, bien sûr, cela fait toujours un peu peur, mais il faut savoir rester honnête et passer outre l’image désastreuse que véhicule ce plexe. Cent fois remettre son ouvrage sur le métier, cent fois tourner sept fois sa langue dans sa bouche, cent fois balayer devant sa porte et cent fois ne pas oublier de mettre les miettes sous le tapis, et surtout cent fois reprendre comme si c’était la première fois que nous pénétrions dans le même plexe. Un sacerdoce, vous l’avez dit, mais que ne ferions-nous pas pour vous contenter, vous qui aimez les jeux, le cirque, les jeux du cirque, et surtout le goût du sang ?
 

Aussi étonnant que cela puisse paraître, le Pathé Wepler fait des efforts. Les employés arpentent les couloirs avec leur balayette et force est de constater que les sols sont plus propres qu’ils ne l’ont jamais été. Nous avons beau inspecter les moindres recoins, pas un seul petit morceau de mouche ou de vermisseau à détecter ! Malgré tous ces beaux efforts, certaines taches incrustées sur la moquette semblent ne jamais vouloir partir, et ce côté crasseux casse l’élégance du décorum luxueux de ce plexe. Dans la salle 4, c’est à peu de choses près la même félibrée. Evidemment, si nous nous approchons d’un peu trop près où que nous regardons au pied des fauteuils, la poussière n’est pas faite avec précision, mais l’ensemble reste tout à fait correct. Ça ne sent pas le pin des Landes, mais ça donne l’impression d’être propre, c’est déjà beaucoup. Probablement que la lumière tamisée n’y est pas pour rien.
 

Ici, de vrais fauteuils nous attendent dans cette salle plutôt grande. Elle accueille quasiment 250 places. Certaines rangées bénéficient de fauteuils doubles, pour ceux qui aiment bien se toucher pendant les films (nous ne voyons pas d’autre explication à la présence de ce mobilier, surtout que leur apparition date précisément de la fermeture des derniers cinémas pornographiques parisiens).
 

Confort relatif. Il y a de l’espace mais la mousse peut manquer d’enveloppant. Peut-être que c’est en comparaison des fauteuils de L’Astrée à Chambéry (dernier plexe visité) que nous remarquons cela. D’habitude, nous sommes plutôt bien installés au Pathé Wepler.
 

Le dossier remonte suffisamment haut. Quelques miettes sur les fauteuils. Des accoudoirs en mousse un peu trop molle. La salle est conventionnelle, semblable à beaucoup d’autres.
 

Au milieu de l’écran, une griffure apparaît nettement. Alors, pour un film comme AMBULANCE, cela se remarque à peine puisque la caméra est en épilepsie constante, mais je serais curieux de voir ici un film de facture plus classique (donc plus moderne, comme dirait Jean-Luc). Il me semble que ce détail se remarque plus que de raison. En tout cas, c’est tout à fait inadmissible pour un plexe qui prétend à un certain standing. Et ce n’est pas tout puisque cet écran a été très mal tendu et se retrouve plissé au bas de son coin.
 

La projection débute et nous remarquons très vite que le cadre ne remplit pas tout l’écran. L’image va bien jusqu’en bas, mais en haut et sur les deux côtés, elle est entourée de petites bandes noires. Etrange paramétrage.
 

L’image est probablement en 4K, très belle, beau contraste, beau piqué. Le son pourrait manquer de profondeur, mais c’est difficile à juger avec un film aussi monotone où tout a la même valeur, où la piste sonore est chargée en permanence. Tout cela n’est qu’une grosse bouillie mais, au moins, le volume est suffisamment bien calibré pour ne pas être en saturation constante, tout en gardant une puissance de feu nécessaire à l’action qui déferle, ou plutôt qui se déverse.
 

Et puis, il y a le public du Pathé Wepler… Un blockbuster au Pathé Wepler en première partie de soirée, c’était couru d’avance ! Nous avons beau le savoir, c’est parfois difficile de s’habituer. Ici, c’est souvent la cour des miracles. Vous ai-je déjà mentionné ce couple de jeunes déjà vieux qui étaient venus en avance et qui pique-niquait à base notamment de toasts de pâté de campagne, pendant les bandes-annonces ?
 

Aujourd’hui, nous sommes entourés de jeunes qui donnent un concert son et lumières improvisé. D’un côté, le bruit de ceux qui plongent leur corps dans des seaux de popcorn, font des bruits de bouche monstrueux, et de l’autre, ceux qui se free-fightent avec des sachets de bonbons qui ne veulent pas s’ouvrir. Et quand on leur en fait la remarque, ils ne trouvent rien de mieux que de répondre : « J’y peut rien, c’pa ma fote, y’a marké ouverture fassile ! » Enfin, un peu devant, un autre énergumène montre je ne sais trop quoi sur son téléphone portable à sa copine, faisant ainsi plus de lumière dans la salle que le bloc de sécurité qui indique la sortie, sur le mur de droite. Au moins, il n’est pas placé à côté de l’écran, mais ce soir-là nous n’étions plus à cela près !
 

Sans surprise, les lumières se rallument dès le générique de fin. Impossible de repasser par la porte d’entrée : un cordon de sécurité bloque l’accès, et comme si cela ne suffisait pas une employée attend devant (avec son sac poubelle ; la classe du Pathé Wepler !)
 

Au moins la sortie ne se fait pas dans un petit hall dépressif aux murs cimentés. Ici, l’espace est pensé, peint, orné de quelques affiches, et bénéficie même de toilettes.
 

En rentrant en scooter, nous passons devant l’Atlas, à Pigalle. Il me semblait que les cinémas pornographiques étaient tous fermés dans Paris. Eh bien, non, il en reste un ! Je passe souvent par ici et je n’avais pourtant jamais remarqué. Je me dis qu’il va falloir que j’y aille un de ces jours, pour vous en rendre compte. Quel sacerdoce !