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20 décembre 2021 1 20 /12 /décembre /2021 20:00

            Après la mort de Tyrone Power, Brynner arriva à Madrid pour reprendre le rôle de Salomon. Inspiré sans doute par la grandeur du rôle, il débarqua accompagné de sept personnes. La mission d’un des membres de cette suite semblait consister exclusivement à placer des cigarettes déjà allumées entre les doigts que lui tendait Brynner. Un autre s’occupait en permanence de raser son crâne avec un rasoir électrique au moindre soupçon d’une ombre bleuissant cette noble tête. Pendant qu’on était ainsi aux petits soins pour lui, Brynner demeurait assis dans un silence de sphynx, portant avec splendeur des costumes de cuir noir ou des costumes de cuir blanc (il en possédait douze de chaque) confectionnés spécialement pour lui par Christian Dior.

            Je ne découvris jamais quelles étaient les tâches des cinq membres restants de son état-major, mais nul doute que leur travail à eux aussi ne fût essentiel. Il me faut admettre que je ne me suis jamais senti particulièrement mal loti du fait que je devais allumer moi-même mes cigarettes – mais tout de même, je fus impressionné. J’en suis venu à la conclusion que Brynner est un type particulièrement sagace ; il possède une seule et très intense expression qu’il utilise tout le temps à l’écran, et une seule expression intense est plus utile à une star qu’une douzaine de visages différents. S’il est une chose que le cinéma m’a enseignée, c’est que cela rapporte de laisser la caméra jouer à votre place. Quel que soit le contenu dramatique d’une scène, un gros plan de la star avec un regard intense fait toujours un gros effet. Ce qui vient avant ou après n’a pratiquement pas d’importance.

            L’important, pour une star, est d’avoir un visage intéressant. Inutile de le faire bouger beaucoup. Le montage et le travail de caméra provoqueront toujours la nécessaire illusion qu’une performance d’acteur a été effectuée.

            Si je semble ici mordre la main qui m’a nourri de façon très satisfaisante durant près de vingt-cinq ans, c’est parce que le fait de jouer dans les films ne m’a jamais follement enthousiasmé. En tant qu’art, c’est un peu comme le patin à roulettes ; une fois qu’on sait s’y prendre, ce n’est pas particulièrement stimulant pour l’intellect ; ce n’est pas très excitant ; c’est beaucoup de boulot ; et cela prend beaucoup d’un temps qui pourrait être mieux employé ailleurs.

            Au cas où vous me demanderiez comment je pourrais employer mon temps de façon plus profitable, je ne pourrais que répondre : en ne jouant pas. Ne pas être un acteur est, je pense, une ambition des plus louables, que beaucoup de jeunes gens feraient bien d’acquérir. Le vrai problème dans la profession d’acteur est qu’on attend de vous que vous soyez bon. Cela convient à ces fanatiques qui désirent impressionner la postérité, ou à quiconque ayant la chance d’être dépourvu de la perspicacité critique qui l’informerait de son degré de réelle nullité.

            Étant une personne d’un goût des plus raffinés, j’encours continuellement ma propre désapprobation, puisque mes standards sont trop élevés pour que ma performance puisse jamais s’en montrer digne. J’exige la perfection, mais ne puis que produire la médiocrité.

            Penser que des acteurs encore plus médiocres que moi sont célébrés comme de grands artistes ne m’offre aucune satisfaction particulière.

 

George Sanders, MEMOIRES D'UNE FRIPOUILLE, Presses Universitaires de France, mai 2004 (parution originale : 1960).

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